Les personnes qui ont l’impression d’être mauvaises dans leur travail ont un risque plus élevé de souffrir d’épuisement professionnel, selon une récente étude.

Le syndrome de l’imposteur se manifeste lorsqu’un individu a la conviction inébranlable qu’elle est une imposture intellectuelle, même si rien ne permet de le démontrer, rapporte BBC.

De peur d’être « démasqués », les employés souffrant du syndrome de l’imposteur ont donc tendance à se surmener et à se surpasser dans leurs projets, ce qui fait peser un risque important sur leur santé psychologique. Elles peuvent aussi avoir tendance à éviter de relever des défis, voire refuser des promotions, de peur d’échouer publiquement.

Selon une étude menée par Clare Jones, une sommité dans le domaine du syndrome de l’imposteur, 62 % des personnes sondées aux États-Unis et au Royaume-Uni se débattent quotidiennement avec des sentiments liés au syndrome de l’imposteur, et 18 % se décrivaient comme étant « à genoux » à cause du stress.

Sur la base de leurs réponses à une série de questions d’évaluation, 34 % des répondants ont été jugés à haut risque d’épuisement imminent. La spécialiste a conclu que le syndrome de l’imposteur est l’un des principaux facteurs permettant de prédire si une personne risque de s’épuiser au travail ou non.

Une autre étude menée en 2016 auprès d’étudiants en médecine avait également conclu que ceux qui ressentaient un sentiment d’imposture avaient tendance à présenter des niveaux accrus d’épuisement, de cynisme et de dépersonnalisation, des symptômes très près de la définition de l’épuisement professionnel de l’Organisation mondiale de la santé.

Enfin, une étude récente menée auprès de 10 000 travailleurs américains par la plateforme de gestion du travail Asana a montré que 42 % d’entre eux pensaient avoir connu à la fois le syndrome de l’imposteur et l’épuisement professionnel.

« Lorsque vous voyez une personne qui souffre du syndrome de l’imposteur, elle est plus susceptible de s’épuiser. Et les personnes épuisées sont plus susceptibles de souffrir du syndrome de l’imposteur », a expliqué à BBC le Dr Sahar Yousef, neuroscientifique cognitive qui étudie la productivité au travail à la Haas School of Business de l’UC Berkeley, en Californie, et qui a participé à cette étude.

La génération Z plus à risque

L’étude suggère en outre que les travailleurs de la génération Z sont les plus susceptibles de souffrir à la fois du syndrome de l’imposteur et d’épuisement professionnel. Avec le télétravail à temps plein durant la pandémie, les jeunes de cette génération n’ont pas pu intégrer leur milieu de travail dans un contexte où ils pouvaient observer leurs collègues en personne et bénéficier de « moments de retour d’information et de réassurance ». Ces moments sont pourtant essentiels à la construction de la confiance professionnelle, note l’étude. Coupés de la vraie vie au travail pendant de nombreux mois, les jeunes travailleurs ont de la difficulté à trouver leur place.

Chez les travailleurs plus âgés, l’étude a constaté deux importants déclencheurs du syndrome de l’imposteur : la ménopause chez les femmes et une promotion chez les hommes. Les minorités visibles sont également vulnérables, puisqu’on doute plus souvent de leurs compétences en milieu de travail.

L’épuisement professionnel et le syndrome de l’imposteur ne doivent donc pas être considérés comme des problèmes isolés, mais bien comme des phénomènes liés qui doivent être traités ensemble, insiste Clare Jones. « Les entreprises doivent en faire davantage pour s’attaquer à la culture où tout est devenu une urgence, et où les gens se sentent obligés de surpasser leurs performances et de serrer les dents dans l’adversité plutôt que d’être honnêtes sur leur bien-être. »