Alors que la santé mentale des Canadiens continue d’être mise à rude épreuve mois après mois, la plus récente mise à jour de l’Indice de santé mentale de LifeWorks montre que le travail est à la source de bien des difficultés.

En effet, 24 % des Canadiens indiquent que le travail nuit à leur mieux-être mental depuis le début de la pandémie, une hausse de 20 % par rapport à avant la pandémie. Ce groupe obtient par ailleurs un score de santé mentale inférieur de 10 points à la moyenne nationale.

La fatigue pandémique se manifeste de plus en plus clairement. Ainsi, 20 % des participants ont déclaré se sentir en crise ou être préoccupés par leur capacité à gérer la situation. Ce groupe obtient un score de santé mentale plus de 20 points inférieurs à la moyenne nationale. Les participants de moins de 40 ans sont beaucoup plus susceptibles (33 %) de se sentir en crise ou d’être préoccupés par leur santé mentale que leurs collègues de 50 ans et plus (12 %). Ce sentiment de crise est également exacerbé chez les employés qui ont des enfants (50 %).

Mais le groupe de travailleurs qui sont les plus affectés du point de vue de la santé mentale est les gestionnaires : pas moins de 70 % d’entre eux disent se sentir en crise.

Cette situation particulièrement inquiétante pourrait s’expliquer en partie par une détérioration des relations sociales, suggèrent les résultats du sondage. Un employé sur dix estime par exemple qu’il n’entretient pas de rapports positifs avec ses pairs depuis la pandémie, une augmentation de quatre points de pourcentage par rapport à avant la pandémie. Ces travailleurs obtiennent d’ailleurs le pire score de santé mentale et ressentent quatre fois plus d’isolement que ceux qui disent entretenir des rapports positifs avec leurs pairs. Le nombre d’employés qui affirment ne pas avoir de rapports positifs avec leur gestionnaire est aussi en hausse depuis le début de la pandémie.

« Notre enquête montre que les répercussions de la pandémie affectent non seulement la santé mentale, mais également les relations professionnelles, soutient Stephen Liptrap, président et chef de la direction de LifeWorks. C’est préoccupant, car il s’agit de deux facteurs importants du mieux-être global et de la productivité. Les prochains mois seront critiques pour le mieux-être des employés, et alors que les organisations veulent terminer l’année sur une bonne note, les résultats financiers seront compromis si on n’accorde pas la priorité à celui-ci.»

Le score de santé mentale global des travailleurs canadiens s’établit maintenant à -10,2 comparativement au score de référence antérieur à la pandémie, une légère amélioration par rapport au mois précédent.

Le faible mieux-être mental pousse à la démission

Plusieurs travailleurs canadiens ont subi un épuisement professionnel pendant la pandémie, ce qui a convaincu au moins 20 % d’entre eux de se mettre à la recherche d’un nouvel emploi.

Selon un rapport de la société de logiciels de ressources humaines Ceridian, 84 % des 1304 travailleurs canadiens interrogés par Hanover Research le mois dernier se sont sentis épuisés au cours des deux dernières années.

Les chiffres ont été extrapolés à partir d’une enquête menée auprès de 6898 personnes travaillant dans des entreprises d’au moins 100 employés en Australie, au Canada, en Allemagne, en Nouvelle-Zélande, à Singapour, au Royaume-Uni et aux États-Unis.

Parmi tous les répondants, le taux d’épuisement professionnel était d’environ 81 %, et au moins 34 % des Canadiens interrogés ont décrit leur niveau d’épuisement professionnel comme élevé ou extrême.

« Les gens travaillent des heures insensées », a souligné le vice-président de l’acquisition de talents à l’échelle mondiale chez Ceridian, Steve Knox.

« Nous nous engageons tous dans deux ou trois heures de travail supplémentaires chaque jour et cela amène simplement les gens à vraiment tout remettre en question, et cette guerre continue de s’intensifier jour après jour. »

Les remarques de M. Knox et le sondage de Ceridian surviennent alors que les Canadiens ont traversé près de deux années de pandémie, ce qui a convaincu plusieurs travailleurs à repenser leur carrière, leurs besoins familiaux et leurs ambitions professionnelles.

Beaucoup ont utilisé la pandémie pour rechercher des emplois qu’ils peuvent accomplir depuis leur domicile, à distance ou avec la flexibilité dont ils ont besoin pour s’occuper d’enfants ou d’autres proches.

D’autres ont commencé à chercher un nouvel emploi parce qu’ils veulent des salaires plus élevés qui tiennent mieux compte de leur charge de travail ou qu’ils veulent un travail qui leur procure moins de stress.

M. Knox croit que ces gens étaient épuisés avant la pandémie, mais que la COVID-19 a exacerbé ces sentiments.

« Vous êtes toujours connecté, vous êtes toujours disponible, vous vérifiez toujours les messages et il semble y avoir un manque de respect pour le week-end », a-t-il noté.

« Je ne pense pas que nous ayons vu cela au même degré avant la pandémie. »

Le sondage de Ceridian a révélé que les trois principales raisons de l’épuisement professionnel chez les répondants canadiens étaient une charge de travail accrue, une rémunération insuffisante et des problèmes de santé mentale.

Environ 21 % des répondants ont déclaré que l’épuisement professionnel les poussait à chercher un nouvel emploi et 39 % ont affirmé qu’ils envisageraient de quitter leur employeur actuel si une bonne occasion se présentait.

Environ 45 % de ceux qui ont dit être à la recherche d’un nouvel emploi ont précisé que c’était parce qu’ils voulaient une meilleure rémunération, notamment un salaire et des avantages sociaux plus élevés.

Un autre 38 % a attribué la recherche d’un nouvel emploi à l’absence d’occasion de croissance.

Ceux qui recherchent un nouvel emploi veulent surtout voir les employeurs offrir « des soins et une attention personnels », a affirmé M. Knox.

« Les gens, à cause de la pandémie, ne s’occupent pas seulement des enfants, mais dans certains cas, des parents âgés, et trouvent que cela fait beaucoup », a-t-il indiqué.

« Alors ils veulent travailler pour un endroit où ils trouvent cet équilibre. »

M. Knox a vu les salaires augmenter et les travailleurs exiger une meilleure rémunération pendant la pandémie, et il observe que de nombreux chercheurs d’emploi sont à la recherche d’un nouvel employeur parce qu’ils veulent que leur temps et leur vie personnelle soient valorisés et respectés.

« Plutôt que tous ces types d’avantages que nous aurions vus auparavant, je pense que les gens recherchent vraiment (un emploi où) on s’occupe d’eux », a-t-il affirmé.

Avec La Presse Canadienne