Si la propagation de la COVID-19 est en net ralentissement au pays, ce n’est pas le cas des troubles de santé mentale, révèle de récentes données de Morneau Shepell. Les travailleurs qui ont subi une diminution de salaire semblent particulièrement touchés.

Malgré le déconfinement qui est bien enclenché un peu partout au Canada, l’indice de santé mentale de la firme montre une chute de 12 points par rapport au score antérieur à la pandémie, et aucune amélioration notable n’a été constaté depuis le mois dernier, alors que les mesures de confinement se sont pourtant assouplies depuis.

Au cours du mois précédent, les principaux facteurs qui ont entraîné l’affaiblissement de la santé mentale sont l’anxiété (-14 points), suivi de la dépression (-13,9), de la productivité au travail (-13,5), de l’optimisme (‑12,3) et de l’isolement (-11,9). C’est au Québec, en Ontario et en Colombie-Britannique que la situation s’est le plus dégradée.

« Il s’agit donc du deuxième mois consécutif où nous constatons une augmentation du stress mental chez les Canadiens par rapport au mois précédent. Le maintien d’un faible Indice de santé mentale, associé à une augmentation du stress mental d’un mois à l’autre, soulève des préoccupations quant aux répercussions potentielles à plus long terme de la pandémie de COVID-19 sur la santé mentale des Canadiens », souligne le rapport.

Les réductions salariales font mal

Le fait pour les travailleurs de conserver leur emploi durant la pandémie ne constitue pas nécessairement un facteur de protection en matière de santé mentale s’ils doivent composer avec une baisse de salaire. Ainsi, 61 % des Canadiens ont déclaré avoir conservé leur emploi au même salaire, alors que 28 % des répondants ont indiqué avoir subi une réduction des heures travaillées ou de salaire.

Ceux dont le salaire est resté le même ont obtenu le meilleur score en santé mentale (-9,4 points). Le pire résultat (-15,4 points) a été observé chez les personnes qui ont connu une baisse de salaire, même si elles ont gardé leur emploi.

Du point de vue des secteurs d’activité, le personnel des soins de santé s’en tire un peu mieux que la population en général sur le plan de la santé mentale (respectivement -11 points par rapport à ‑12). Bien que la présence d’agents stressants dans ce secteur soit incontestable, le soutien et la reconnaissance manifestés par le grand public peuvent exercer un effet bénéfique sur les travailleurs du domaine de la santé, estime Morneau Shepell.

De manière plus générale, les femmes, les personnes de 20 à 29 ans et celles ayant un revenu de moins de 30 000 $ par année sont plus susceptibles de signaler une incidence négative de la pandémie sur leur santé mentale. En revanche, les personnes qui ont accès à un programme d’aide aux employés ont indiqué une moins forte baisse de leur niveau de santé psychologique.

Les résultats de l’indice montrent que les Canadiens ont du mal à s’adapter aux changements qui concernent leur façon de socialiser, de travailler et de maintenir leur santé et leur mieux-être globaux, prévient le rapport.

« Alors que nous commençons à voir la fin des mesures de confinement strictes, nous devons demeurer vigilants quant au soutien en santé mentale et ne pas perdre de vue cet enjeu », soutient Stephen Liptrap, président et chef de la direction de Morneau Shepell.

Quels types de soutien recherchent les Canadiens ?

Selon un autre sondage mené par Sun Life, plus de la moitié (56 %) des répondants ont indiqué que la COVID-19 nuisait à leur santé mentale. Parmi ceux-ci, moins de la moitié (42 %) cherchent présentement à obtenir des soins ou du soutien. La communication avec la famille et les amis (64 %) ainsi que les occupations à la maison (62 %) sont les mécanismes les plus souvent cités par les Canadiens qui cherchent à améliorer leur niveau de santé mentale.

Les ressources d’autogestion, notamment en ligne (40 %) ainsi que les conseils et les soins médicaux (31 %) sont utilisés par une moins grande proportion de répondants.

Les répondants de 18-34 ans qui utilisent des mécanismes de soutien ont davantage recours aux ressources d’autogestion (52 %) que tout autre groupe d’âge, mais ont le moins tendance à rechercher des conseils ou des soins médicaux (25 %). Par comparaison, seuls 20 % des répondants de 55 ans et plus exploitent les ressources d’autogestion, mais ce groupe d’âge est le plus porté à rechercher des conseils ou des soins médicaux (54 %).

De manière générale, les femmes sont plus nombreuses que les hommes à bénéficier de soins ou de soutien.