Les employés en arrêt de travail en raison d’un accident ou d’une maladie présentent un risque plus élevé de suicide et d’automutilation, révèle une nouvelle étude internationale menée par des chercheurs de l’École de santé publique et de médecine préventive de l’Université Monash, en Australie.

Publiée dans PLOS Global Public Health, l’étude conclu que le risque de suicide est plus élevé chez les personnes ayant fait l’objet d’une demande d’indemnisation pour accident du travail, en congé d’invalidité de longue durée ou bénéficiant de prestations d’invalidité.

Sur les 47 études incluses dans l’examen, 44 ont montré que les personnes souffrant d’un accident du travail ou d’une maladie professionnelle étaient plus exposées au risque de suicide ou d’automutilation. Une seule étude a montré une relation de protection et deux n’ont montré aucune relation.

« Nous constatons ce lien dans de nombreux pays et chez des personnes présentant différents types de problèmes de santé », indique le professeur Alex Collie, chercheur et auteur principal de l’étude. Il souligne également qu’il est nécessaire que les gouvernements et les employeurs se concentrent sur l’identification des travailleurs les plus exposés au risque de suicide et consacrent davantage d’efforts à la prévention.

« En examinant toutes ces données, nous avons également trouvé un certain nombre d’éléments qui augmentent le risque de suicide, comme un arrêt de travail prolongé, un âge plus jeune, le fait de vivre seul, des antécédents de mauvaise santé ou de problèmes de santé mentale », précise M. Collie.

Invalidité plus longue, risques plus élevés

Les personnes qui ont connu de très longues périodes d’arrêt de travail ont en effet un risque beaucoup plus élevé. Le fait d’être en arrêt de travail pour cause de blessure ou de maladie pendant des semaines, des mois ou des années est lié à une augmentation significative du risque de suicide et d’automutilation.

« Mais la durée de l’arrêt de travail ne reflète pas nécessairement la gravité de la blessure ou de la maladie, poursuit Alex Collie. Il peut aussi indiquer que la personne a reçu un traitement médical de mauvaise qualité, qu’elle a tardé à demander de l’aide ou qu’elle a d’autres comportements qui peuvent nuire à son rétablissement, comme l’abus de substances. »

Les auteurs de l’étude suggèrent que les programmes et services conçus pour réduire la durée de l’arrêt de travail peuvent également réduire le risque de suicide et d’automutilation. « En aidant les travailleurs malades et blessés à retourner au travail, nous pourrions également être en mesure de réduire le risque de suicide », explique M. Collie.

« La prévention du suicide ne doit pas être laissée au seul système de santé, ajoute-t-il. Nous avons la possibilité, grâce aux systèmes qui soutiennent les travailleurs malades et blessés, comme l’indemnisation des travailleurs et la sécurité sociale, d’identifier les personnes qui présentent un risque plus élevé et de fournir des soutiens et des services qui réduisent ces risques. »