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Les Québécois sont les moins susceptibles de tous les Nord-Américains d’avoir reçu un diagnostic de dépression, selon un sondage dévoilé il y a quelques jours par l’Association d’études canadiennes.

L’enquête a été menée en ligne du 15 au 17 mai, auprès de 1512 Canadiens et 1005 Américains recrutés aléatoirement et âgés de 18 ans et plus.

Seulement 8 % des Québécois qui y ont participé ont confié avoir déjà reçu un diagnostic de dépression, comparativement à 13 % des Albertains et à 16 % des participants de la Colombie-Britannique et de l’Ontario. Le taux est d’environ 20 % à travers les États-Unis.

Au Canada, ce sont les jeunes âgés de 18 à 34 ans qui sont les plus susceptibles d’avoir reçu un tel diagnostic, tandis qu’aux États-Unis la première place appartient au groupe d’âge des 40-49 ans.

Dans les deux pays, les personnes ayant déclaré avoir reçu un diagnostic de dépression sont légèrement plus susceptibles que les autres de dire avoir « très peur » de contracter la COVID-19. Le sondage souligne que les francophones du Québec font baisser la moyenne canadienne.

Treize pour cent des hommes canadiens et 16 % des femmes ont déjà reçu un diagnostic de dépression, selon le sondage, comparativement à 16 % des Américains et 24 % des Américaines.

Période de guerre

Cette enquête arrive au moment où certains médecins constatent une hausse dans leur cabinet du nombre de patients qui semblent peiner à composer avec la situation actuelle.

« Tout en restant positifs face à ce qui peut nous arriver, dire qu’il faut être résilients et tout ça, il faut quand même dire que ce qu’on vit, c’est comme une période de guerre », a lancé d’emblée la docteure Banafcheh Hejazi.

La distanciation sociale, le confinement et l’isolement entraînés par la pandémie ont tous un impact sur la santé mentale de la population, croit-elle, sans parler des familles où une dynamique déjà difficile pourra être exacerbée par la fermeture des écoles.

Cela pourra en pousser certains à augmenter leur consommation d’alcool ou de drogues, ou encore à se tourner vers des activités comme le jeu en ligne.

« On a de l’anxiété, de la dépression, c’est un genre de stress post-traumatique, en fait », a dit la docteure Hejazi.

Les pertes d’emplois qui se multiplient frappent aussi durement l’identité de certains, poursuit-elle, dans une société où on se définit souvent davantage par ce qu’on fait que par ce qu’on est.

Dans ce contexte, dit la docteure Hejazi, il est important de rappeler aux gens tous les rôles qu’ils jouent, comme celui de père ou de mère, d’époux ou d’épouse, ou de frère ou de soeur.

« J’essaie de beaucoup travailler l’aspect positif de prendre le temps de se connaître (…) parce que les gens paniquent, ils ont l’impression que leur identité est perdue », a-t-elle dit.

Le moment est aussi bien choisi, selon elle, pour apprendre à travailler notre résilience.

« Je rappelle aux gens qu’au niveau de ce que l’être humain a vécu, que ce n’est pas la première fois, et malheureusement ce ne sera pas la dernière fois, a dit la docteure Hejazi. Il y a eu la grippe espagnole, il y a eu les deux guerres mondiales, la résilience aide et on a tous une capacité de résilience. Bien sûr, certains en ont moins et d’autres en ont plus, et j’explique que c’est comme un muscle qu’il faut faire travailler pour être capable de passer à travers. »