Alors que le Québec connaît une recrudescence de la pandémie de COVID-19, et que les longs mois d’hiver commencent à se profiler à l’horizon, la santé mentale de la population fait craindre le pire.

Selon une enquête internationale menée par une équipe de l’Université de Sherbrooke, un adulte sur cinq aurait eu des symptômes compatibles avec un trouble d’anxiété généralisée ou une dépression majeure au cours des deux dernières semaines.

La situation se corse particulièrement en zone urbaine, notamment à Montréal, où pas moins d’un adulte sur 4 aurait eu des symptômes d’anxiété ou de dépression au cours de cette même période.

Dans le cadre de cette étude menée par la firme Léger, 6 261 adultes ont été sondés dans sept régions sociosanitaires du Québec : Mauricie-Centre du Québec, Estrie, Montréal, Laval, Lanaudière, Laurentides et Montérégie.

« Ce que l’on constate aujourd’hui, c’est que les niveaux de dépression et d’anxiété au Québec sont actuellement considérablement plus élevés que ce qui était observé en pré-pandémie. Ces chiffres s’apparentent aux niveaux observés dans la communauté de Fort McMurray, 6 mois après les feux de forêt de 2016 », illustre la professeure-chercheuse Mélissa Généreux de la Faculté de médecine et des sciences de la santé de l’Université de Sherbrooke.

Les jeunes frappés de plein fouet

Bien que généralisée au sein de la population, la détresse psychologique touche de manière disproportionnée les jeunes adultes, particulièrement ceux âgés de 18 à 24 ans. Ainsi, 37 % d’entre eux rapportent des symptômes anxieux ou dépressifs dans les deux dernières semaines.

Les anglophones et les travailleurs de la santé sont aussi plus à risque de souffrir de troubles de santé psychologique que la population générale.

« C’est troublant de voir qu’une portion significative de nos jeunes se porte mal. Il est tout aussi marquant de constater que les personnes anglophones ont un risque deux fois plus élevé que les francophones de présenter des symptômes anxieux ou dépressifs », explique la professeure Généreux.

Selon l’étude, cette différence pourrait s’expliquer par des répercussions directes plus grandes de la pandémie, plus de stigmatisation, plus de méfiance envers les autorités, l’utilisation de différentes sources pour s’informer au sujet de la COVID-19 et plus de fausses croyances chez ces deux groupes de la population (jeunes adultes et anglophones).

Les personnes qui ont des enfants à domicile et qui vivent des difficultés psychologiques liées à la pandémie sont touchées uniquement par l’anxiété, alors que celles dont le niveau d’éducation est faible sont plutôt touchées par la dépression.

Pour limiter les dégâts liés aux troubles de santé mentale dans les prochains mois, les chercheurs recommandent notamment de déployer des équipes spécialisées en psychiatrie au sein de la population, à mieux outiller les services de première ligne, à renforcer le soutien communautaire et en implantant des mécanismes pour répondre aux besoins psychosociaux des groupes en situation de vulnérabilité.