Les gens souffrant de troubles mentaux graves, comme la schizophrénie ou la dépression, ont bénéficié d’un programme composé de courts ateliers thérapeutiques visant à mieux les outiller pour le travail. Le programme, le premier au monde et créé par des chercheurs de Montréal, a montré des résultats notables: plus de participants ont décroché un emploi et ils travaillaient un plus grand nombre d’heures par semaine.

À l’origine de ces travaux se trouvait ce constat: sans aucun soutien, seuls 20 % de ceux qui souffrent d’un trouble de santé mentale grave ont un travail. Avec un programme de soutien à l’emploi, ce pourcentage bondit à 50 %.

Mais en ajoutant à cela des ateliers de groupe inspirés de la thérapie cognitivo-comportementale, les résultats obtenus ont encore augmenté de 18 % : le taux de placement grimpe à 75 % et la plupart des participants obtiennent un emploi de qualité, a expliqué en entrevue Tania Lecomte, professeure titulaire au Département de psychologie de l’Université de Montréal.

Ce programme a été conçu par Mme Lecomte, aussi chercheure au Centre de recherche de l’Institut universitaire en santé mentale de Montréal, avec Marc Corbière, professeur au département d’éducation et pédagogie de l’Université du Québec à Montréal, et de Paul Lysaker, de l’Université d’Indianapolis.

Parmi les 164 participants, 60 % étaient des hommes âgés en moyenne de 36 ans. Globalement, près de 6 personnes sur 10 étaient atteintes de schizophrénie et 1 sur 5 d’un trouble de l’humeur, telle la dépression.

Le programme conçu est rapide : huit séances sont échelonnées sur un mois, à raison de deux rendez-vous d’une heure par semaine. Elles amènent les participants à voir les choses différemment, à ne pas sauter à des conclusions d’échec, à prendre conscience des problèmes qui les attendent lors du retour au travail afin de mieux les aborder et à gérer leur stress, entre autres choses.

Les ateliers visent à combattre notamment des problèmes d’estime de soi, communs à d’autres travailleurs, mais qui sont exacerbés par des difficultés rencontrées par ceux vivant avec des maladies mentales : la stigmatisation et les accommodements dont ils ont parfois besoin dans le cadre de leur travail.

Dans l’année qui a suivi le début de l’étude, trois participants sur quatre (75 %) à l’intervention de groupe avaient trouvé au moins un emploi de qualité, comparativement à 58 % parmi les participants du groupe témoin.

La différence la plus frappante entre les deux groupes est le nombre d’heures supplémentaires travaillées, souligne Mme Lecomte, qui sont passées de 18 à 24 en moyenne.

« Cette amélioration de six heures de travail hebdomadaires change la donne, car elle permet de ne plus dépendre de l’aide sociale. Au final, il en découle une amélioration de la perception de soi, une plus grande autonomie et le sentiment de contribuer à la société. »

L’équipe de chercheurs a bénéficié de la collaboration de cinq organismes montréalais qui offrent un programme de soutien à l’emploi dans le recrutement de ceux qui ont consenti à prendre part à l’étude. Il s’agit de L’Arrimage Montréal, IPS Douglas, L’Avancée, Accès-Cible et la clinique JAP du CHUM.

Certains de ces organismes offrent les ateliers. Vu les résultats obtenus dans le cadre du projet, la professeure et chercheure souhaite offrir de la formation à leurs intervenants.

Les résultats de ce projet et de l’étude ont été publiés dans la revue scientifique Schizophrenia Research.