Changement climatique
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Quatre jeunes Canadiens poursuivent en justice Investissements RPC, le plus grand gestionnaire de fonds de pension du Canada, pour mauvaise gestion des risques climatiques. 

Aliya Hirji, Travis Olson, Rav Singh et Chloe Tse, quatre jeunes qui prendront leur retraite après 2050, soutiennent que Investissements RPC met en péril les retraites des générations montantes, «en ignorant, en minimisant et en omettant de divulguer les risques financiers liés» au changement climatique.

« Je fais partie de ce recours parce que je veux protéger les intérêts financiers des jeunes qui, comme moi, travaillent fort pour pouvoir prendre leur retraite un jour. Si Investissements RPC ne fait pas le nécessaire pour protéger nos contributions et nos prestations contre les risques climatiques, alors c’est aux tribunaux de le faire. Mon avenir financier est en jeu », a écrit le demandeur Travis Olson dans un communiqué publié lundi matin.

Les quatre jeunes estiment qu’Investissements RPC expose les Canadiens qui prendront leur retraite après 2050 à une « réduction importante de leurs prestations ou à une hausse considérable des taux de cotisation ».

C’est la première fois au pays qu’une institution financière se fait poursuivre sur des questions liées aux changements climatiques, selon les avocats d’Ecojustice, qui représentent les jeunes avec la firme Goldblatt Partners.

Ecojustice estime également qu’il s’agit de la première « affaire climatique contre un gestionnaire d’investissements de fonds de pension fondée sur le devoir d’impartialité dans un contexte multigénérationnel, c’est-à-dire le devoir d’agir équitablement envers les jeunes cotisants qui prendront leur retraite après 2050, lorsque les risques financiers liés au climat seront encore plus importants ».

Les demandeurs espèrent que la justice reconnaîtra que « le devoir fiduciaire inclut la gestion des risques climatiques comme question strictement financière ».

Des scénarios climatiques trop optimistes

Selon les demandeurs, RPC n’intègre pas suffisamment, dans ses décisions d’investissements, les conséquences d’un monde qui n’arriverait pas à « éliminer progressivement les combustibles fossiles » pour éviter les pires conséquences des dérèglements climatiques sur l’économie et la finance.

« Si nous maintenons les mesures actuellement en place, nous sommes alignés sur une trajectoire menant à un réchauffement d’environ 3 °C d’ici la fin du siècle. Des économistes préviennent qu’un tel scénario équivaudrait à vivre une « Grande Dépression perpétuelle ». Or, Investissements RPC rapporte une incidente négative de 4 % sur la valeur de marché de la caisse « selon le scénario de risque physique le plus extrême », en décalage complet avec la science. Ce sont les pensions des jeunes Canadiens qui sont à risque », a écrit Karine Péloffy, avocate et cheffe de projet finance durable chez Ecojustice, dans un communiqué de presse.

Investissements RPC a clôturé le premier trimestre de l’exercice 2026 le 30 juin 2025 avec un actif net de 731,7 milliards $, ce qui en ferait le sixième plus grand gestionnaire de fonds de pension au monde.

Investissements RPC, dont le nom officiel est l’Office d’investissement du régime de pensions du Canada, gère la caisse du Régime de pensions du Canada.

Les cotisations au Régime de pensions du Canada sont obligatoires pour la plupart des travailleurs canadiens âgés de 18 à 64 ans qui résident à l’extérieur du Québec.

Au Québec, les travailleurs cotisent plutôt au Régime de rentes du Québec (RRQ).