Les défenseurs des personnes atteintes de diabète souhaitent que le gouvernement fédéral restructure ce qu’ils considèrent comme un régime d’assurance médicaments défaillant. 

Alors que les libéraux fédéraux envisagent une voie à suivre pour un régime national d’assurance-médicaments, un groupe de défense des droits exhorte le gouvernement à repenser le programme afin de l’améliorer pour les patients et de réaliser des économies.

Glenn Thibeault, directeur général des affaires gouvernementales, de la défense des intérêts et des politiques de Diabète Canada, a expliqué que le nouveau gouvernement a l’occasion de transformer l’assurance-médicaments en un système semblable à celui de son régime national de soins dentaires, qui n’est offert qu’aux personnes non couvertes par un autre régime.

« Je ne pense pas que ce soit une priorité financière pour le gouvernement, compte tenu de l’évolution du monde, mais je pense néanmoins qu’il est très important que nous examinions les coûts associés au diabète », a dit ce responsable de Diabète Canada.

Le gouvernement du premier ministre Mark Carney n’a pas été clair quant à ses plans pour l’avenir de l’assurance-médicaments.

Le ministre des Finances, François-Philippe Champagne, a écrit à ses collègues du Cabinet pour leur demander de réaliser des économies importantes. Le gouvernement prévoit également augmenter les dépenses de défense afin d’atteindre l’objectif du Canada au sein de l’OTAN et doit composer avec les effets de la guerre commerciale mondiale menée par le président américain Donald Trump.

Interrogée sur l’état d’avancement des négociations sur l’assurance-médicaments avec les provinces et les territoires lors d’une récente conférence de presse, la ministre de la Santé, Marjorie Michel, ne s’est pas engagée à poursuivre sur la voie tracée par le gouvernement précédent. « C’est un nouveau gouvernement, et nous sommes dans un nouveau contexte, et nous devons discuter avec les provinces pour voir comment nous pouvons les soutenir », a-t-elle expliqué aux journalistes à Fredericton.

Le gouvernement Trudeau a prévu un budget de 1,5 milliard $ sur cinq ans pour la première phase de l’assurance-médicaments, qui couvre le coût de certains médicaments contre le diabète et des contraceptifs pour les patients. Le plan prévoyait de signer des ententes avec toutes les provinces et tous les territoires pour financer le coût des médicaments.

Ottawa a signé des ententes de quatre ans avec seulement trois provinces et un territoire avant les élections fédérales d’avril. L’entente avec la Colombie-Britannique représente plus de 670 millions $. Le Manitoba a signé un accord de plus de 219 millions $, l’Île-du-Prince-Édouard a signé un accord de plus de 30 millions $ et le Yukon a signé un accord de 9,5 millions $. Cela représente 928,5 millions $, soit plus de 60 % du budget gouvernemental prévu pour la mise en œuvre du régime d’assurance-médicaments.

« Je pense que c’est l’occasion pour nous de collaborer avec les gouvernements provinciaux et le gouvernement fédéral pour dire: « Bon, examinons nos ressources financières et assurons-nous de pouvoir fournir des médicaments, en particulier des médicaments contre le diabète, aux personnes qui en ont besoin » », a déclaré M. Thibeault.

Diabète Canada critique le nombre de traitements couverts

Diabète Canada a critiqué le déploiement du régime d’assurance-médicaments, affirmant qu’il ne couvre qu’un éventail limité de traitements contre le diabète et que la liste des médicaments remboursés comprend des produits périmés, ce qui signifie que de nombreux médicaments couramment prescrits ne sont pas couverts.

Les documents budgétaires fédéraux précisent que l’objectif est de garantir aux personnes diabétiques une couverture pour l’insuline pouvant atteindre 1700 $ par année, selon le type et la dose requise, ainsi que 100 $ par année pour la metformine, utilisée pour traiter le diabète de type 2.

M. Thibeault a indiqué que le gouvernement pourrait s’inspirer du régime d’assurance-médicaments dentaire pour garantir l’accès à des médicaments essentiels à un plus grand nombre de personnes.

Le programme d’assurance-médicaments est conçu pour offrir une «couverture universelle, à payeur unique et au premier dollar» pour les médicaments inclus, conformément aux ententes provinciales et territoriales.

Cela signifie que le gouvernement fédéral verse des fonds aux provinces et aux territoires pour couvrir le coût des médicaments, et les patients peuvent s’attendre à obtenir leurs médicaments à peu de frais, voire gratuitement. Des quotes-parts et des frais d’ordonnance s’appliquent.

Le programme d’assurance-médicaments couvre tout le monde, qu’il y ait ou non une assurance privée.

Le programme d’assurance-médicaments dentaire, quant à lui, n’est accessible qu’aux personnes qui ne sont pas couvertes par un régime provincial ou territorial et qui n’ont pas d’assurance privée. « Si vous avez une assurance privée qui fonctionne pour vous, pourquoi voudrions-nous la faire payer par l’État ? » a expliqué M. Thibeault.

Les défenseurs de la santé reproductive ont averti que la non-signature d’accords d’assurance-médicaments avec les neuf provinces et territoires restants créerait des inégalités à l’échelle du pays.

Le Congrès du travail du Canada a déclaré que cela équivaudrait à ce que le gouvernement libéral « rompe une promesse faite aux Canadiens ».

Pendant la campagne électorale, les libéraux se sont engagés à « protéger les soins dentaires et l’assurance-médicaments », qu’ils ont qualifiés de services essentiels et qui font partie d’un système de santé publique solide.

Un porte-parole du premier ministre Mark Carney a déclaré, en réponse à des questions la semaine dernière, que le chef libéral avait promis pendant la campagne « que nous ne réduirions ni n’abolirions aucun des accords existants ».