Les promoteurs de régime ne pouvant plus accepter les risques financiers liés au régimes à prestations déterminées(PD), c’est-à-dire le niveau et la volatilité des cotisations patronales ou de la charge de retraite, tendent de plus en plus de à transférer ce risque aux salariés.

Les participants à un régime à cotisation déterminée(CD)ont, quant à eux, deux décisions fondamentales à prendre: combien cotiser au régime et comment investir les sommes épargnées afin de maximiser le revenu de retraite. Pourtant, bien peu de participants ont les connaissances ou le temps nécessaire pour prendre les bonnes décisions.

À la suite de la publication en mai 2004 des Lignes directrices pour les régimes de capitalisation de l’ACOR, la responsabilité de s’assurer que les participants ont toutes les informations et les outils nécessaires pour relever ce défi revient clairement aux promoteurs. Les participants ont la responsabilité de s’informer et d’utiliser les outils mis à leur disposition.

Dans le passé, les promoteurs s’en acquittaient de façon inégale. Bien souvent, les participants n’avaient accès à une formation sur leur régime de retraite qu’au moment de leur adhésion. Par la suite, ils étaient laissés à eux-mêmes. Par ailleurs, certains promoteurs offraient des séances d’information annuelles.

Or, dans une conjecture où se multiplient les régimes CD et où ces derniers sont appelés à fournir une portion appréciable du revenu de retraite d’un nombre croissant de retraités, une telle pratique n’est simplement pas acceptable et expose les promoteurs à des litiges futurs potentiels. De plus, cela pourrait compliquer la gestion de l’effectif du promoteur.

Séances d’information ciblée

En 2004, un rapport de recherche de SEI constatait que selon 53 % des promoteurs de régime CD, la formation des participants constitue le meilleur recours pour éviter les litiges. Toutefois, à peine 11 % des répondants estimaient assumer correctement leurs responsabilités.

Les promoteurs doivent reconnaître que les participants ne forment pas un groupe uniforme dont tous les membres ont des besoins identiques. Un jeune salarié dans la vingtaine n’est pas au même stade du cycle de vie et n’a pas les mêmes priorités qu’un employé de 55 ans. La retraite et la planification de la retraite n’ont pas la même importance, selon l’âge de la personne concernée.

Afin d’aider les promoteurs à remplir leurs responsabilités d’informer les participants, plusieurs fournisseurs de services ont développé des modules de communication ciblée qui visent à répondre aux besoins des différentes catégories de participants. L’information proposée à l’intention des participants plus jeunes met surtout l’accent sur la nécessité de commencer à épargner le plus tôt possible. L’information s’adressant aux plus âgés porte plutôt sur la planification de cette dernière.

Une communication ciblée comporte aussi une stratégie quant aux choix des médias et est conçue sur mesure en fonction des besoins et du niveau de connaissance du groupe de participants visés. Par exemple, la majorité des outils et de l’information mis à la disposition des participants se retrouvent dans le site Internet du fournisseur de services. Dans ce cas, combien de participants accèdent au site? S’il ne s’agit que d’une minorité, il est clair que les participants n’ont pas saisi l’utilité du site Internet.

Les fournisseurs de services sont en position de livrer un nombre quasi infini de statistiques sur le régime et son utilisation : cotisations moyennes en pourcentage du salaire et répartition moyenne de l’actif, par groupe d’âge, nombre de visites dans le site Internet et motif de la visite, nombre de participants n’ayant pas fourni d’instructions de placement et dont les cotisations sont investies dans le choix de placement par défaut.

Leur analyse permettra aux promoteurs de déceler les lacunes au niveau de la compréhension du régime, de ses caractéristiques, des outils disponibles et des concepts financiers en jeu le tout en vue de mettre en place une stratégie de communication visant à remédier à ces lacunes.

Les fonds à date cible

Le Center for Retirement Research at Boston College a publié une étude sur la différence de rendement entre les régimes PD et les régimes 401(k), régimes CD aux États-Unis. L’une de ses conclusions à retenir est que plus de la moitié des participants CD n’investissent pas de façon prudente en ne diversifiant pas leur portefeuille de placement.

Les fonds à date cible visent en quelque sorte à remédier à cette situation en ne confiant plus aux participants la décision quant à la répartition de l’actif. Ces fonds sont populaires aux États-Unis, mais viennent récemment de faire leur apparition sur le marché canadien. Ils sont très simples. L’unique décision qu’un participant doit prendre est de choisir le fonds correspondant à sa date de retraite. Par la suite, le gestionnaire du fonds rajustera la répartition de l’actif, diminuant le risque inhérent à mesure que l’on s’approche de la date prévue.

Ces fonds présentent toutefois certains aspects moins positifs. Ils présument implicitement que l’horizon de placement constitue le seul élément pris en compte dans le choix de la répartition de l’actif. Or, les questionnaires de profil de risque comportent habituellement plusieurs questions portant sur la tolérance au risque des participants. De plus, la situation propre à chaque participant ainsi que leurs objectifs de retraite ne sont pas pris en compte.

Autre considération, ces fonds ne mettent généralement à contribution qu’un seul gestionnaire ou un nombre restreint de gestionnaires de placement. Comme pour une caisse PD, la diversification ne devrait pas uniquement concerner les classes d’actif, mais aussi s’exercer au niveau du choix des gestionnaires. Le promoteur de régime n’a aucune maîtrise sur la sélection du ou des gestionnaires de ces fonds. C’est pourtant lui qui choisit les gestionnaires pour les autres options de placement du régime. Il est également responsable du suivi et du changement de ces gestionnaires, au besoin.

La simplicité de ces fonds comporte un autre défi. Comment susciter l’engagement et la responsabilisation des participants du régime, si la seule décision qu’ils ont à prendre est de choisir leur date de retraite?

Les outils de prise de décision

Selon les Lignes directrices de l’ACOR, les promoteurs doivent aussi fournir aux participants des outils de prise de décision. Généralement, ces outils sont offerts sous forme de présentations ou modules de formation accessibles dans le site Internet du fournisseur de services, de questionnaires portant sur les profils de risque et d’outils de projection déterministe. Ces outils sont utiles et apportent beaucoup aux participants ayant peu de connaissances financières.

Par ailleurs, certains outils de projection stochastique commencent à faire leur apparition sur le marché. Un peu comme le fait la modélisation actif/passif pour les régimes PD, ces outils permettent de quantifier plus facilement l’incidence de la répartition de l’actif sur le revenu disponible à la retraite et la tolérance au risque du participant. Leur utilisation n’est pas encore répandue et ils s’adressent surtout à un public averti ayant certaines connaissances de base.

En dernière analyse, l’objectif des participants et celui des promoteurs sont parfaitement alignés. Un participant ayant les connaissances nécessaires prendra des décisions éclairées afin de maximiser son revenu de retraite en vertu des dispositions du régime. C’est grâce en partie aux renseignements et aux outils à la disposition du participant que le promoteur pourra espérer réduire le risque de litiges potentiels.

Par ailleurs, il serait naïf de croire que le fardeau administratif des régimes CD est nettement moins lourd que celui des régimes PD, loin de là. L’administration d’un régime CD en bonne et due forme requiert beaucoup de temps, effort et argent.

Gilles G Lavoie, A.S.A. est conseiller principal, Gestion de l’actif, chez Towers Perrin à Montréal.