Je m’adonne au golf depuis bon nombre d’années et j’ai appris que les
coups parfaits sont rares et relèvent souvent de la chance. Il convient
davantage aux amateurs de pratiquer régulièrement en fixant une
cible quantifiable(le quand), en choisissant des bâtons bien adaptés
(le comment)afin de minimiser le nombre de coups(le combien). Ces principes
de base du golf s’appliquent tout aussi bien à l’épargne en vue
de la retraite.
Les principes de base
Les employeurs offrant un régime de retraite ont par le passé
été incertains quant à leur rôle et leurs responsabilités
relativement aux décisions de placement de leurs employés. Les
lignes directrices pour les régimes de capitalisation, qui entreront
en vigueur à compter du 1er janvier prochain, pallient à cette
incertitude. Elles font notamment état de l’obligation du promoteur du
régime de retraite de fournir aux participants des outils d’aide à
la décision en prévision de la retraite.
Une panoplie de ces instruments est mise à la disposition du participant
afin de l’accompagner dans sa planification à la retraite. Encore faut-il
savoir quoi en faire et comment en interpréter les résultats.
En effet, il est primordial que le participant au régime de retraite
comprenne bien la relation entre le quand se retirer, le combien épargner
et le comment investir. Tous ces éléments sont interreliés
et agissent les uns sur les autres.
Les outils d’aide à la décision
Lorsqu’il adhère à un régime de retraite collectif, le
participant est habituellement encouragé à faire usage d’un questionnaire
afin de cibler son profil d’investisseur et mesurer sa tolérance au risque.
Cet exercice permet ultimement de lui conseiller une répartition d’actifs
à l’aide d’un portefeuille composé de diverses pondérations
entre les principales catégories d’actifs(actions canadiennes, américaines,
internationales et obligations). Le comment investir apparaît donc réglé
rapidement et simplement à ce moment.
Le participant est aussi invité à compléter sa planification
à la retraite en utilisant un calculateur de retraite habituellement
accessible via le site Web du fournisseur. Le ratio de remplacement des revenus,
les diverses sources d’épargnes tant accumulées qu’anticipées
(le combien)ainsi que l’âge de retraite(le quand)sont des variables
importantes du modèle de projection. On remarque ainsi qu’un lien est
fait entre le quand se retirer et le combien épargner, mais pas entre
ceux-ci et le comment investir.
La problématique
La pierre angulaire de la projection à la retraite, en particulier lorsque
l’horizon de placement est à long terme, se situe au niveau du taux de
rendement anticipé des épargnes. Les calculateurs convient habituellement
le participant à saisir ce taux. C’est à ce moment que le besoin
d’accompagnement apparaît primordial. En effet, le calculateur peut suggérer
un taux en se basant ou non sur les rendements historiques des catégories
d’actifs établies précédemment à l’aide du questionnaire,
mais on est alors en droit de se demander si le passé est vraiment garant
de l’avenir.
La situation économique, l’évolution des taux d’intérêt
ainsi que les relations entre les déterminants financiers peuvent prendre
des tangentes bien différentes de celles vécues. Le comportement
de ces paramètres n’est pas considéré dans le modèle
de projection traditionnel qualifié de « déterministe »,
et c’est une lacune importante qui a un impact tant sur le comment investir
que sur le quand prendre sa retraite et le combien épargner.
L’approche suggérée
La situation financière précaire de plusieurs régimes de
retraite a amené les membres de comités de retraite à mieux
saisir les éléments de risque qui sont présents dans un
régime de retraite. Les conseillers leur ont donc proposé de projeter
la situation financière du régime en produisant notamment des
scénarios économiques susceptibles de se produire dans l’avenir.
En appliquant une méthode similaire, le articipant peut tracer un parallèle
clair entre sa répartition d’actifs et l’atteinte de son objectif à
la retraite. On utilise pour ce faire un calculateur de nouvelle génération
du type « stochastique ».
Par exemple, un participant à un régime de capitalisation, âgé
de 40 ans, qui souhaite prendre sa retraite à ompter de 60 ans avec un
taux de remplacement de ses revenus de 70 %, verra clairement l’impact du comment
investir sur l’atteinte du combien il peut s’attendre de retirer à la
retraite.
Le tableau suivant présente l’impact financier de deux répartitions
d’actifs différentes pour cet individu :
L’investisseur est à même de constater qu’une surpondération
en obligations canadiennes ne lui procure pas nécessairement la zone
de confort qu’il aurait anticipée. En effet, l’expectative de rendement
des obligations canadiennes est plus limitée compte tenu du niveau actuel
des taux d’intérêt. Il aurait tout avantage à surpondérer
les actions canadiennes même si le questionnaire de profil d’investisseur
l’amenait à définir un portefeuille qualifié de plus prudent.
Atteindre ses objectifs
Tout comme lors de la pratique du golf, où le choix des bâtons
a une influence directe sur la distance parcourue et le nombre de coups effectués,
le choix des véhicules de placement a une influence directe sur l’atteinte
des objectifs à la retraite. Les calculateurs de seconde génération
permettent de faire des choix plus éclairés, plus nuancés
sur cette question. Nul doute qu’ils seront donc d’une aide précieuse
pour les promoteurs de régimes de retraite collectifs.
MARC TRÉPANIER, FSA, FICA, est vice-président, Ventes Secteur
institutionnel pour SSQ Groupe financier.