L’enjeux numéro un des investisseurs institutionnels aurait trait aux changements climatiques, selon Olivier Gamache, président du Groupe Investissement Responsable (GIR), qui a présenté les éléments clés de la sixième édition de son rapport annuel sur les enjeux environnementaux, sociaux et de gouvernance d’entreprise (ESG).
Les actionnaires veulent voir les efforts des entreprises en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES), d’exploitation des sables bitumineux, d’efficacité énergétique, d’énergies renouvelables, de divulgation d’informations sur les émissions de GES et sur la politique des entreprises en la matière.
« Les changements climatiques se retrouvent au cœur de nombreuses propositions soumises par des investisseurs responsables en 2008, dont 67 aux États-Unis, a commenté M. Gamache. L’Ethical Funds Company, qui a placé cette question au sommet de ses préoccupations environnementales, présentera neuf propositions au Canada», a-t-il ajouté.
Le respect des droits humains
Dans le rapport, le principal enjeu social repose sur le respect des droits humains. Les événements sanglants qui ont secoués la Birmanie et le Soudan ont ébranlé l’opinion publique internationale et surtout les entreprises occidentales qui ont des liens avec ces pays. Elles ont elles aussi reçu leur lot de critiques.
« Cette situation illustre très bien le risque pour les entreprises d’être associées à des violations des droits humains, explique M. Gamache. Plusieurs actionnaires, soucieux de la réputation des entreprises dans lesquelles ils investissent, leurs demanderont de développer des processus sévères de sélection des pays où elles devront faire affaires ». Actuellement, 158 entreprises dans le monde ont une politique de droits humains, dont 122 suivent la Déclaration universelle des droits de l’Homme.
Un grand nombre de propositions d’actionnaires devraient aussi porter sur la question des droits des employés, des sous-traitants dans les pays en développement, de la progression professionnelle des femmes et des minorités.
Les enjeux de gouvernance sous la loupe
Bien qu’aux États-Unis le nombre de démarches relatives à la gouvernance ait légèrement diminué, au Canada, l’intérêt des actionnaires envers cette question ne faiblit pas. Plus dynamique que jamais, le Mouvement d’éducation et de défense des actionnaires (MÉDAC) présentera en 2008, huit propositions directement liées à la régie d’entreprise aux sept principales banques canadiennes, ainsi qu’à Bell Canada Entreprises, Bombardier, la Financière Manuvie et Power Corporation.
« Nous savons, par exemple, que pour l’Association des actionnaires pour la recherche et l’éducation (SHARE), la question de la rémunération des dirigeants fut le principal enjeu de la dernière saison des assemblées d’actionnaires au Canada. Cet enjeu devrait susciter encore cette année, le plus de propositions au Canada et aux États-Unis», a ajouté M. Gamache.
Par ailleurs, le refus de la SEC de donner aux actionnaires accès à la nomination de candidats aux conseils d’administration pourrait relancer le débat sur le vote majoritaire, qui demeure un puissant outil d’influence sur la composition du conseil d’administration. Lors de l’année 2007, le nombre de compagnies canadiennes ayant instauré le vote majoritaire a augmenté de 65, et 2008 connaîtra sans doute une croissance similaire. « Cet enjeu ne semble pas avoir été soulevé au Canada cette année, mais devrait être surveillé attentivement étant donné que des répercussions devraient se faire sentir sur les Bourses canadiennes », a conclu M. Gamache.