Chaque jour, 480 Canadiens reçoivent un diagnostic de diabète de type 1 ou de type 2 et plus de 20 Canadiens meurent de complications liées au diabète.1 Le diabète de type 2, qui se manifeste lorsque la production d’insuline est insuffisante ou lorsque l’insuline produite n’est pas correctement utilisée, représente 90 % des cas de diabète au Canada. Ancien joueur de football et entraîneur sportif qui travaille comme superviseur dans un centre communautaire, Kevin Jeffers a reçu son diagnostic il y a une dizaine d’années.
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Ne paniquez pas. Ne vous en voulez pas. N’essayez pas de dominer la maladie ou d’être plus malin qu’elle. Aussi, vous devez comprendre qu’il s’agit d’un processus qui dure toute la vie et qu’il vous faudra procéder à de petits changements subtils pour arriver à votre but.
— Kevin Jeffers
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Comment avez-vous découvert que vous étiez atteint de diabète de type 2?
J’avais divers symptômes, par exemple je devais souvent uriner et je perdais beaucoup de poids. J’ai fini par consulter un médecin et le diagnostic est tombé. J’étais désemparé et anxieux, je ne savais pas comment prendre la nouvelle ni à quoi m’attendre. De plus, comme je venais juste de devenir papa, j’avais l’impression d’avoir tout gâché.
Par peur, j’ai suivi toutes les suggestions des spécialistes – des médicaments aux changements radicaux de mode de vie – mais ma glycémie restait élevée. C’était frustrant et je me sentais encore une fois dépassé. Je voulais des résultats radicaux tout de suite, mais avec le temps, je me suis rendu compte que ce n’était pas la bonne approche.
Ce qui compte, c’est de faire les bons choix, pas des choix radicaux. Oui, vous pouvez manger un biscuit, mais n’exagérez pas. Marchez, prenez l’escalier de temps en temps. Les petits changements réalisables et durables sont subtilement bénéfiques à long terme. C’est un processus, un marathon et non un sprint.
Comment le diabète affecte-t-il votre vie quotidienne?
J’ai ajouté à mes journées des promenades à pied de 30 à 40 minutes. Parfois, je profite du temps où je suis au téléphone ou en train de réfléchir pour marcher. J’ai dû adopter l’état d’esprit de toujours faire un petit effort supplémentaire. J’ai également modifié mon régime alimentaire. Je ne bois plus d’alcool, sauf à l’occasion d’une fête – et encore, j’ai remplacé le rhum-coca par le scotch-soda. Et je suis maintenant pescétarien, c’est-à-dire que je mange principalement du poisson et des légumes. Et en fin de compte, j’aime ça! Servez-moi une darne de poisson-chat ou d’espadon, et je suis aux anges.
Les tests quotidiens sont fastidieux – je n’ai pas de lecteur de glycémie en continu. J’utilise donc encore des aiguilles. J’aimerais tellement qu’il y ait un moyen plus facile d’atteindre mon objectif en matière de glycémie.
Quel effet le diabète a-t-il eu sur votre santé physique et mentale?
Au début, c’était difficile mentalement parce que je ressentais de la honte et de la frustration, et je me demandais sans cesse « pourquoi moi? ». Vous essayez de comprendre où vous vous êtes trompé, puis vous vous rendez compte que c’est quelque chose que vous avez fait subir à votre corps pendant des années. Physiquement, je jouais au football. Nous faisions de l’exercice et mangions constamment, mais c’était un bon équilibre. Ensuite, j’ai arrêté de jouer au football. Je ne faisais plus d’exercice, mais je continuais à manger autant. C’est arrivé progressivement, mais mon poids a atteint 345 livres. Aujourd’hui, je ne pèse plus que 292 livres et mes vêtements ne me vont plus, mais c’est très bien comme ça. Je n’ai pas non plus l’impression comme avant d’avoir l’esprit brumeux ou qui tourne au ralenti.
Quels outils facilitent la vie dans cette situation?
Il est évident que l’insuline et les médicaments aident. Les tests me permettent de savoir où j’en suis le matin et m’indiquent les conséquences de la veille – par exemple, si j’ai bu une boisson gazeuse ou mangé une barre de chocolat. Je ne suis pas du genre à suivre un régime strict. Si nous allons dans un parc d’attractions, je prends un coca-cola. Mais il y a des moments où je regarde le résultat d’un test et où je me dis : « Il faut changer ça, Kev. Peut-être que tu n’aurais pas dû. » Ensuite, pour les deux jours qui suivent, je sais ce que je dois faire. Les tests m’ont vraiment aidé à comprendre où j’en étais et où je devais être. C’est une source de motivation.
Quel soutien avez-vous reçu de votre employeur?
Mon employeur m’a beaucoup soutenu. Il m’est arrivé à quelques reprises d’essayer des médicaments dont la dose était trop forte et qui ont dérangé mon système digestif. Aussi, j’ai eu des crises d’anxiété et j’ai dû être hospitalisé. Interrogé sur mes absences, mon superviseur a pris ma défense. Il a expliqué ce qu’il se passait et a indiqué que je n’abusais pas du système. À l’époque, j’étais programmateur de loisirs communautaires et je devais donc être présent pour faire mon travail; or, mon superviseur a compris que je ne voulais pas laisser tomber les gens, mais que ma vie était plus importante que mon travail à ce moment-là. Cela m’a montré qu’on m’appréciait en tant que personne, et pas seulement en tant que travailleur.
Une grande partie de notre travail est sédentaire, ce qui n’est pas bon pour une personne qui a besoin de se lever et de bouger. Il est donc crucial de pouvoir marcher et se changer les idées, et même à l’extérieur du bâtiment. Nous avons la possibilité de demander un bureau assis-debout, avec approbation immédiate. Par ailleurs, nous nous sommes débarrassés des machines distributrices dans nos établissements, mais mon employeur fournit des comprimés de glucose. C’est très bon pour les personnes atteintes de diabète de type 2. Si vous êtes dans une salle de sport et que vous vous sentez étourdi, vous les trouverez dans les trousses de premiers soins.
Le caractère essentiellement « invisible » de la maladie rend-il votre situation plus facile ou plus difficile à gérer?
Cela la rend plus difficile. Je n’ai pas de timbre cutané ou autre signe visible de mon diabète, donc les personnes à qui je ne l’ai pas dit ne peuvent pas comprendre pourquoi je me mets soudainement à transpirer en pleine réunion alors que je suis juste assis tranquillement. Il peut arriver que quelqu’un fasse une blague gentille du genre : « Il ne fait même pas chaud ici », et je diffuse la situation en riant un peu. Mais il y a aussi des moments où je dois me lever et marcher. Si je suis avec des collègues que je côtoie de près et qui me connaissent bien, il me suffit de dire « J’ai besoin d’une minute » et de partir, et je peux compter sur leur soutien. Et s’ils me voient dans une mauvaise passe, sans énergie, ils me diront « Fais-moi savoir si tu as besoin d’un jus de pomme » ou simplement « Kevin, ça va? ». Ils vérifient régulièrement si je vais bien. Même si cette maladie invisible est difficile à vivre, j’ai trouvé un incroyable réseau de soutien qui rend les choses beaucoup plus faciles.
Quels conseils donneriez-vous à une personne qui vient de recevoir un diagnostic de diabète?
Ne paniquez pas. Ne vous en voulez pas. N’essayez pas de dominer la maladie ou d’être plus malin qu’elle. Aussi, vous devez comprendre qu’il s’agit d’un processus qui dure toute la vie et qu’il vous faudra procéder à de petits changements subtils pour arriver à votre but. Vivez votre vie, profitez des choses que vous aimez – mais avec modération. En tant qu’entraîneur, je sais qu’il faut savoir contrer par la défense ou par l’attaque et comprendre ce que l’on fait de mal pour pouvoir le corriger. Je n’oublie pas cela quand les tests indiquent que mon taux de glucose est trop haut ou trop bas. Je me rappelle aussi qu’il ne s’agit pas de gagner tout de suite le championnat. Votre championnat est pour plus tard – vous ne le voyez peut-être pas encore, mais vous gagnerez la partie.
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