Les pères québécois demeurent largement réticents à prendre tous les congés parentaux auxquels ils ont droit.

Au Québec, les mères prennent en moyenne 45 semaines de congés parentaux, alors que les pères utilisent 10 semaines en moyenne, pointe Claudine Mangen, professeure à la chaire RBC des organisations responsables à l’Université Concordia, dans un article publié dans La Conversation.

La chercheuse observe que les réticences des hommes sont d’abord dues au culte de l’archi-disponibilité qui a cours dans les organisations. « Les pères comprennent que s’ils ne peuvent pas offrir cette disponibilité, ils risquent de se faire pénaliser et de voir leurs possibilités d’avancement se restreindre ou même disparaître, en faveur de personnes davantage disponibles », écrit Claudine Mangen.

Ce culte de l’archi-disponibilité est aussi entretenu par les employeurs qui « peuvent se montrer récalcitrants à accorder un congé parental à un employé masculin : au Québec, les pères qui désirent prendre des congés plus longs peuvent faire face à de l’opposition de la part de leur employeur et rencontrer des défis dans leur environnement professionnel. On peut par exemple les dissuader de prendre un tel congé en faisant valoir qu’ils sont difficilement remplaçables. »

Par ailleurs, la perception même des congés de paternité est en cause. Ils sont souvent perçus « comme des moments de vacances pendant lesquels les pères passent de bons moments en famille ». Il est encore rare d’associer le congé de paternité avec le travail ménager et le soin aux enfants, qui sont vus comme relevant des femmes.

Enfin, les hommes peuvent craindre des conséquences financières s’ils prennent davantage de congés parentaux. Les congés de paternité sont payés à hauteur de 70 % du revenu, tandis que le taux de remplacement est de 55 % pour les congés parentaux. La baisse anticipée du revenu nourrit les hésitations des hommes.