Un groupe de défense de la protection de l’environnement affirme que la représentation du secteur pétrolier et gazier au sein des conseils d’administration des grands régimes de retraite publics canadiens soulève des inquiétudes quant aux conflits d’intérêts. 

Shift Action affirme dans un nouveau rapport qu’au 1er juin, les conseils d’administration de cinq des plus grandes caisses de retraite du secteur public canadien comptaient des membres également impliqués dans des sociétés du secteur des combustibles fossiles.

Shift soutient que les régimes de retraite ont l’obligation légale d’agir dans l’intérêt supérieur à long terme des bénéficiaires, et que les intérêts des sociétés du secteur des combustibles fossiles pourraient concurrencer les efforts de gestion des risques liés au climat et de réduction des émissions.

«Il est facile de comprendre comment les administrateurs de sociétés du secteur des combustibles fossiles pourraient se retrouver en situation de conflits d’intérêts réels ou perçus, et comment ces conflits, s’ils ne sont pas réglés, pourraient compromettre une gouvernance prudente des régimes de retraite», a déclaré Adam Scott, directeur général de Shift, dans un communiqué.

L’organisme indique qu’Investissements RPC, le plus grand régime de retraite public du Canada, se classe au deuxième rang en ce qui a trait à la représentation proportionnelle, trois membres sur dix de son conseil d’administration ayant des liens avec l’industrie.

La caisse de retraite, qui a récemment renoncé à son engagement d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050, a rejeté en bloc les préoccupations soulevées par Shift. « Ce rapport est absurde », a affirmé Michel Leduc, responsable mondial des affaires publiques et des communications chez Investissements RPC, dans une déclaration écrite.

« Nous recherchons les professionnels les plus chevronnés pour assumer le rôle complexe de supervision de la gestion d’une société d’investissement mondiale. (…) La contribution totale du secteur de l’énergie au PIB canadien est disproportionnée, et c’est précisément là que se trouve l’expérience de gouvernance de premier ordre au Canada, soucieuse des intérêts des contributeurs et des bénéficiaires », a-t-il ajouté.

Parmi les autres caisses de retraite que le groupe a identifiées comme ayant des représentations importantes de l’industrie figurent le Régime de retraite des enseignantes et des enseignants de l’Ontario, l’Office d’investissement des régimes de pensions du secteur public, l’Alberta Investment Management (AIMCo) et le Régime de retraite des employés municipaux de l’Ontario.

AIMCo, dont le conseil en entier a été disqualifié par le gouvernement de l’Alberta l’an dernier et remplacé par de nouveaux membres, compte la plus forte représentation de l’industrie, au tiers du conseil, soit deux des six membres.

Les membres du conseil de la caisse de retraite sont sélectionnés à l’issue d’un « processus de nomination rigoureux et sont soumis au code de conduite d’AIMCo », a noté la porte-parole Carolyn Quick.

Les autres gestionnaires de régimes n’ont pas immédiatement répondu à une demande pour commenter le rapport.

Le groupe Shift indique qu’au total, neuf administrateurs actuels des caisses de retraite siègent aux conseils d’administration ou aux équipes de direction de 12 sociétés pétrolières et gazières, ou de sociétés d’investissement spécialisées dans ce secteur.

Il note toutefois que le nombre de conseils d’administration où les combustibles fossiles sont représentés est passé de sept à cinq depuis son dernier rapport en 2022.

Il indique que les conseils d’administration de la Caisse de dépôt et placement du Québec, du Healthcare of Ontario Pension Plan et de la Société ontarienne de gestion des placements ne comptent plus de représentants du secteur des combustibles fossiles.