Les trois quarts des femmes sous-estiment leurs problèmes de santé, indique un sondage. 

Environ trois femmes sur quatre admettent minimiser leurs problèmes de santé en banalisant leurs symptômes, jugeant qu’ils ne sont pas assez graves pour demander l’aide d’un professionnel de la santé.

C’est ce que révèle un nouveau sondage mené au Canada par Angus Reid en collaboration avec la Fondation Pharmaprix pour la santé des femmes. Les résultats mettent en lumière que de nombreuses femmes ont du mal à reconnaître la gravité de leurs problèmes de santé.

Au Québec, 61 % des répondantes ont indiqué ne pas être sûres de la gravité de leurs symptômes, ce qui peut repousser le moment de consulter un médecin.

Globalement, les résultats montrent que les femmes âgées de 23 à 43 ans sont moins susceptibles de prendre leurs symptômes au sérieux, contrairement aux 44-50 ans où 80 % d’entre elles sont plus enclines à consulter un professionnel de la santé.

Ces résultats n’ont pas tellement surpris la Dre Louise Pilote, directrice associée au Centre universitaire de santé McGill (CUSM). Elle explique que les facteurs de genre, les rôles et les relations vont influencer comment on perçoit la santé et la façon dont on accède aux soins. « De minimiser l’importance, je pense que c’est parce que les priorités et les rôles de la femme font que leur santé ne passe pas toujours en premier. Il y a beaucoup d’autres choses dans leur vie qui passent avant elle », a commenté Dre Pilote.

Elle ajoute que les femmes ont l’habitude d’avoir des douleurs menstruelles, ce qui peut influencer leur perception sur la douleur et les amener à ignorer des signes qui ont un lien avec un problème de santé. « Ç’a à voir un petit peu avec notre physiologie qui fait qu’on est habitué à avoir des changements physiques et physiologiques pendant le mois », soutient Dre Pilote qui est spécialisée en médecine interne générale.

Le sondage soulève d’ailleurs que trois femmes sur dix ont du mal à discerner ce qui est normal ou plus grave lorsqu’il est question de certains symptômes de la santé féminine, comme les bouffées de chaleur et les règles irrégulières. En outre, 40 % des personnes sondées disent ne pas avoir suffisamment de connaissances sur les symptômes de la dépression et de l’anxiété.

Diagnostic plus difficile

« Nos recherches font état d’une réalité inquiétante: le manque de sensibilisation et d’éducation des femmes à l’égard de leur propre santé entraîne trop souvent des retards de diagnostic », a déclaré dans un communiqué Paulette Minard, directrice, Investissement communautaire à la Fondation Pharmaprix pour la santé des femmes.

La Dre Pilote estime que les femmes tout comme les hommes sont en général de plus en plus informés sur leur santé. Cependant, le fait d’omettre certains symptômes ou d’en mettre de l’avant plus que d’autres peut compliquer le travail du médecin pour poser un diagnostic.

La docteure prend l’exemple d’une crise cardiaque, dont les douleurs à la poitrine sont l’un des principaux symptômes. « Même si elles ont de la douleur à la poitrine, elles vont percevoir d’autres symptômes comme étant plus importants pour elles. Puis, quand elles se présentent [chez le médecin], elles vont parler aussi des bouffées de chaleur, des insomnies et tout ça, plutôt que de dire qu’elles ont des douleurs à la poitrine. Donc, ça va mener à des différences de tests au niveau du diagnostic et au niveau de comment le personnel soignant va agir, dépendamment de comment la femme exprime les symptômes de la maladie cardiaque », décrit Dre Pilote.

Elle rappelle l’importance d’agir en prévention et d’avoir de bonnes habitudes de vie. Pour certaines maladies comme le diabète et l’hypertension, les femmes ont plus de risque que les hommes d’avoir des effets néfastes sur la santé cardiovasculaire, indique Dre Pilote.

Les résultats du sondage proviennent d’une étude menée par Veritas Communications du 14 mars au 10 avril 2025, parmi un échantillon de 1799 femmes canadiennes âgées de 23 à 50 ans qui sont membres d’Angus Reid Forum. Un échantillon de cette taille a une marge d’erreur de plus ou moins 2,3 points de pourcentage, 19 fois sur 20.