Plus de la moitié des employés québécois travaillent à distance, en dehors de leurs heures normales de travail, pour répondre à des courriels, par exemple, ou faire avancer un dossier, montre un sondage. Le phénomène touche davantage les universitaires et les plus jeunes.
Un sondage Léger, commandé par l’Ordre des conseillers en ressources humaines agréés, indique que ce sont 53 % des travailleurs qui rapportent travailler très souvent, assez souvent ou peu souvent — toutes les réponses additionnées — en dehors de leurs heures de travail régulières.
Chez ceux qui ont une formation universitaire, la proportion grimpe à 71 %, chez ceux qui ont une formation collégiale à 52 % et chez ceux qui ont une formation primaire ou secondaire à 34 %.
Le sondage fait aussi ressortir une différence selon l’âge: 66 % des travailleurs de 18 à 34 ans rapportent travailler ainsi à distance, en dehors de leurs heures normales de travail, 53 % des travailleurs de 35 à 54 ans et 35 % des 55 ans et plus.
Une loi ou pas?
Si, en Ontario, les employeurs sont tenus par une loi d’adopter une politique de déconnexion, ce n’est pas le cas au Québec.
« Est-ce qu’un jour, il y aura une telle exigence au Québec? Peut-être. On n’est pas contre. Mais est-ce qu’on doit attendre d’avoir une telle législation? La réponse, pour nous, elle est claire: c’est non », a répondu Manon Poirier, directrice générale de l’Ordre des conseillers en ressources humaines agréés.
L’Ordre croit plutôt à l’autorégulation. « C’est difficile d’avoir une norme universelle» pour tous les employeurs, qui ont des réalités très différentes. »
Avantage d’une politique
Selon Mme Poirier, les employeurs y trouveraient leur avantage, tout comme les employés.
« C’est vraiment un message fort envoyé aux employés en disant: on constate qu’on a plusieurs plateformes; il y a cette hyperconnectivité; on la vit. Pour nous, c’est important la conciliation (travail-vie personnelle), votre équilibre. Alors pourquoi, nous, on ne fait pas un cadre? Même inviter à établir ce cadre-là avec les employés, avoir des discussions sur ce dont ça pourrait avoir l’air chez nous, étant donné nos réalités opérationnelles? Je pense que ça envoie un message fort du souci du bien-être des employés. Puis, c’est le genre de message qui fait que les travailleurs ont le goût de rester pour une organisation comme celle-là », explique Mme Poirier.
L’Ordre a lui-même développé un modèle de politique de déconnexion, dont les employeurs peuvent s’inspirer. Il rappelle qu’il y a des risques associés à l’hyperconnectivité au travail, tant pour la santé mentale que physique: stress, hypervigilance, difficulté de concentration, épuisement et autres.
Environ 16 % des travailleurs rapportent travailler pour un employeur qui a mis en place une telle politique de déconnexion ou bien des mécanismes en la matière. Mais, selon des conseillers en ressources humaines agréés consultés par le biais d’une enquête maison de l’Ordre, la proportion avoisinerait plutôt les 21 %, comparativement à 7 % en 2018.
« C’est en croissance. Je pense qu’on va voir ces pourcentages-là augmenter, au cours des prochaines années, parce que le sujet, bien, on l’amène de différentes façons, à différentes tribunes », a conclu Mme Poirier.
Le sondage web a été réalisé auprès de 582 personnes, du 21 au 24 novembre. Un échantillon probabiliste similaire aurait une marge d’erreur de 4 %, 19 fois sur 20.