
La Banque du Canada réduit mercredi son taux directeur d’un quart de point, la banque centrale s’inquiétant moins des risques d’inflation que du ralentissement économique.
Le gouverneur Tiff Macklem affirme que les risques ont changé depuis la dernière décision de la banque centrale en juillet.
Les fissures sur le marché du travail et la forte baisse des exportations menacent la croissance, précise-t-il, tandis que les premiers signes de pression inflationniste sous-jacente s’estompent. « Étant donné que l’économie s’est affaiblie et que les risques à la hausse entourant l’inflation ont diminué, le conseil de direction a jugé qu’une réduction du taux directeur était appropriée pour mieux équilibrer les risques », dit-il dans sa déclaration préliminaire.
La Banque du Canada indique qu’elle continuera à se concentrer sur un horizon plus court que d’habitude, alors qu’elle tente de définir sa politique monétaire dans un environnement en constante évolution.
M. Macklem ajoute que la banque est prête à ajuster à nouveau son taux directeur si cela s’avérait nécessaire. « Nous avons démontré aujourd’hui que, si les risques évoluent, si les risques changent, nous sommes prêts à prendre des mesures, indique-t-il. Et si les risques continuent d’évoluer, nous sommes prêts à prendre d’autres mesures. Mais nous allons procéder réunion par réunion. »
L’inflation annuelle s’est établie à 1,9 % en août, a annoncé mardi Statistique Canada, les chiffres de l’inflation de base se maintenant autour de 3 % en glissement annuel.
Mais la Banque du Canada, qui examine un éventail plus large d’indicateurs, estime toujours que l’inflation sous-jacente se maintient autour de 2,5 %.
M. Macklem ajoute que la décision du gouvernement fédéral d’abandonner la plupart des droits de douane de rétorsion contre les États-Unis au début du mois va quelque peu freiner l’inflation.
Il indique que les effets des mesures de rétorsion ont été particulièrement visibles dans le secteur alimentaire ces derniers mois, mais que la suppression de ces mesures devrait entraîner une baisse des prix dans les régions touchées à l’avenir.
Le taux de chômage national a atteint 7,1 % après que l’économie canadienne a perdu plus de 100 000 emplois en juillet et août. Le produit intérieur brut réel a reculé de 1,6 % en rythme annualisé au deuxième trimestre.
La Fed aussi
La Réserve fédérale des États-Unis (Fed) a elle aussi abaissé mercredi son taux directeur d’un quart de point et prévoit de le faire deux fois de plus cette année, face à l’inquiétude croissante de la banque centrale quant à la santé du marché du travail américain.
Il s’agit de la première baisse de taux de la Fed depuis décembre. Elle porte son taux à court terme à environ 4,1 %, contre 4,3 % auparavant.
Les responsables de la Fed, sous la direction de Jerome Powell, avaient maintenu leur taux inchangé cette année, évaluant l’impact des droits de douane, du renforcement des contrôles d’immigration et des autres politiques de l’administration Trump sur l’inflation et l’économie.
Pourtant, l’attention de la banque centrale s’est rapidement déplacée de l’inflation, qui reste légèrement supérieure à son objectif de 2 %, vers l’emploi, les embauches ayant quasiment stagné ces derniers mois et le taux de chômage ayant légèrement augmenté. Une baisse des taux d’intérêt pourrait réduire les coûts d’emprunt pour les prêts hypothécaires, les crédits automobiles et les prêts aux entreprises, et stimuler la croissance et l’embauche.
« Les risques de détérioration de l’emploi se sont accrus », affirme la Fed dans un communiqué à l’issue de sa réunion de deux jours.
Les responsables de la Fed indiquent également qu’ils prévoient de réduire leur taux directeur à deux reprises cette année, mais une seule en 2026, ce qui pourrait décevoir Wall Street. Avant la réunion, les investisseurs anticipaient cinq baisses pour le reste de l’année et l’année prochaine.