Simeon Goldstein, rédacteur en chef, Avantages

Un des plus grands défis pour un journaliste œuvrant dans le milieu des publications spécialisées est l’acquisition – et la compréhension – du vocabulaire qui relève du domaine. Tous les secteurs possèdent leurs acronymes, expressions et mots qui, pour le non-initié, peuvent avoir l’air d’une langue étrangère. Cette réalité s’applique, bien entendu, au monde des avantages sociaux, notamment lorsqu’il s’agit des stratégies d’investissement.

Ainsi, bien que les « bêta intelligent » et « couverture de devises », parmi tant d’autres, résonnent chez les experts, le nouveau venu peine souvent à les comprendre. Le rédacteur qui baigne dans ces formules au quotidien finit normalement par s’y retrouver. Pour un participant à un régime à cotisation déterminée (CD) ou à un régime enregistré d’épargne-retraite (REER) cependant, cela peut s’avérer une tout autre histoire.

Le faible niveau de littératie financière des Québécois a fait les manchettes des dernières années et l’on doit se féliciter des efforts réalisés par plusieurs organisations pour l’améliorer. Le mois dernier encore, nous avons appris que le gouvernement est en train de se pencher sur la réintroduction d’un cours d’économie pour les étudiants de cinquième secondaire. Bien que celui-ci risque d’être optionnel, on peut au moins dire qu’il représente un pas dans la bonne direction. Car il est clair que des connaissances de base en finances personnelles sont essentielles dans la vie d’aujourd’hui, que ce soit pour la gestion du crédit et de l’endettement ou bien pour la préparation à la retraite.

Mais ces cours, à eux seuls, ne suffisent pas pour faire des citoyens du Québec des investisseurs aguerris – tel n’en étant sûrement pas l’objectif. D’ailleurs, bien des travailleurs d’aujourd’hui n’ont pas reçu de telles formations. Le besoin de présenter les informations à propos des régimes de retraite d’une manière facile à comprendre demeure alors tout aussi important.

À ce sujet, j’ai récemment eu l’occasion de lire le livre blanc d’Invesco Consulting intitulé « New Word Order », qui découle de la recherche qu’a menée la société il y a quelques années en collaboration avec la firme de consultation politique et spécialiste des mots Maslansky, Luntz + Partners. On y parle du fait qu’en ce qui concerne la préparation à la retraite, les employés souhaiteraient recevoir des messages positifs et crédibles grâce à des informations personnalisées dans un langage simple. Ainsi, on voudrait davantage entendre parler de « s’assurer d’avoir assez d’argent pour le reste de mes jours » que de la gestion du risque de longévité.

Un des exemples qui a particulièrement retenu mon attention concernait les fonds à date cible. On a tendance à affirmer que l’utilisation de ces stratégies gagne des adeptes parce qu’elles sont faciles à utiliser et à comprendre. Soit. Pour les acteurs du domaine, la nomenclature à quatre mots peut en effet sembler des plus simples.

Or, selon le livre blanc, une explication des objectifs des fonds rejoindrait davantage de participants. On affirmerait, par exemple, qu’il s’agit d’une « stratégie de diversification qui optimise le potentiel de croissance, tout en ajustant au niveau de risque approprié selon les besoins qui évoluent avec le temps » (traduction libre). Bien que de prime abord, ceci puisse avoir l’air plus complexe, l’intérêt vient du fait qu’on explique « ce que fait » le produit, plutôt que « ce qu’il est », affirme-t-on. Cette personnalisation du produit interpellerait les participants désireux de connaître leurs options de placements.

Les promoteurs se soucient avec raison de leur responsabilité fiduciaire et peuvent craindre les répercussions possibles des conseils offerts. Mais à une époque où les régimes CD proposent une offre de plus en plus raffinée en matière de placements, il ne faut surtout pas surestimer la capacité des employés de bien comprendre leurs finances. Même les outils en apparence les plus simples doivent être décortiqués pour que le participant comprenne leur rôle dans son épargne-retraite et tire le meilleur profit du régime.

Simeon Goldstein est rédacteur en chef d’Avantages.