Assemblée nationale du Québec
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Sur fond d’incertitude économique mondiale et de crise du coronavirus, le gouvernement Legault mise sur une forte croissance des dépenses pour aider le Québec à traverser sans trop de dégâts d’éventuelles tempêtes dans les mois qui viennent.

Le budget 2020-2021, déposé mardi par le ministre des Finances, Eric Girard, comporte des investissements majeurs dans plusieurs secteurs d’activité, notamment dans la promotion du transport collectif et des véhicules électriques, en s’appuyant sur des prévisions de croissance optimistes.

Québec veut stimuler l’économie, notamment avec une hausse des dépenses de l’ordre de 5,1 % en 2020-2021, dans ce budget annuel ayant un fort accent quinquennal.

Pas de déficit en vue, donc, mais malgré les surplus dans les coffres de l’État, pas davantage de baisses d’impôts à court terme pour les contribuables.

En dépit de la menace ambiante de ralentissement économique, voire de récession, le gouvernement Legault prévoit que la croissance économique va « demeurer forte » au Québec cette année, atteignant 2 %. En 2019, elle était de 2,8 %.

À propos des nuages qui planent sur l’économie mondiale, le ministre des Finances, qui se décrit comme quelqu’un de « pragmatique », s’est fait rassurant, convaincu que « le Québec a les moyens d’être résilient face aux perturbations économiques qui pourraient surgir » prochainement, grâce à des finances publiques saines et une bonne posture économique.

Même constat du gouvernement pour la gestion à venir de l’épidémie de coronavirus, selon M. Girard, qui anticipe tout de même des impacts sur la croissance économique mondiale.

Prévu à 1,7 G$, le surplus dans les coffres du gouvernement atteint finalement 1,9 G$ cette année, en tenant compte de la perte financière de 600 M$ associée aux déboires de l’investissement gouvernemental dans l’avion A220, passé des mains de Bombardier à Airbus.

Économie verte

Dans la colonne des dépenses (110 G$ au total, cette année), le gouvernement respecte son engagement de donner un vigoureux coup de barre en faveur d’une « économie verte » et de la lutte aux changements climatiques, avec des investissements de l’ordre de 6,7 G$ en six ans, en misant sur l’offre accrue de transport collectif et l’électrification tous azimuts des véhicules en tous genres, en vue d’atteindre les objectifs fixés pour 2030, soit une réduction des gaz à effet de serre (GES) de 37,5 % par rapport au niveau de 1990. Un plan d’action élaboré suivra au cours des prochains mois.

Le Plan québécois des infrastructures (PQI) des 10 prochaines années devrait entraîner des investissements de l’ordre de 130 G$, « un sommet historique », dont 3,3 G$ supplémentaires en transport collectif électrique. On pense à des projets déjà connus de tramways ou de métros à Québec, Gatineau et en périphérie de Montréal. Du total, pour la décennie, 13,6 G$ seront réservés aux infrastructures de transport en commun.

Santé et éducation

Les grandes missions de l’État auront droit à des augmentations budgétaires inférieures à celles consenties l’an dernier, mais plus substantielles qu’anticipé. Au total, d’ici cinq ans, Québec s’engage à accorder 5,4 G$ de plus qu’aujourd’hui à ces deux secteurs-clés, qui grugent déjà la majeure partie du budget de l’État.

En santé, comme toujours, les sommes additionnelles seront dirigées vers la première ligne, éternelle source de frustration pour les patients trop longtemps coincés dans les salles d’urgence ou sur des listes d’attente.

En éducation, même si cette nouvelle structure suscite son lot de critiques et d’interrogations, le gouvernement maintient son objectif de déployer un réseau de maternelles 4 ans partout au Québec. On ajoutera cette année 350 nouvelles classes.

Malgré l’importante pénurie de main-d’œuvre qui sévit au Québec, le gouvernement s’engage à ajouter des ressources et des effectifs affectés à divers programmes sociaux au cours des cinq prochaines années, soit les soins à domicile (384 M$), les enfants maltraités (450 M$), les personnes handicapées (126 M$), les déficients physiques ou intellectuels et autistes (250 M$).

Le fléau de la violence envers les femmes incite le gouvernement à procéder à un investissement majeur de 181 M$ en cinq ans, une somme versée essentiellement au réseau des maisons destinées aux femmes victimes de violence conjugale.

D’ici deux ans, 6000 places supplémentaires en services de garde subventionnés seront créées (339 M$ en cinq ans).

Un effort particulier sera consacré aux industries culturelles, avec un ajout de 407 M$ en cinq ans, somme dédiée en priorité à donner un coup de pouce à la production télévisuelle et cinématographique.

Après plusieurs années d’efforts et de discipline, le Québec a réussi à contrôler la croissance de son énorme dette six ans plus tôt que prévu. Le poids de la dette brute passe sous les 45 % du produit intérieur brut (PIB), conformément à l’objectif fixé par les gouvernements précédents.