En 1975, la détention moyenne d’un titre à la Bourse de New York était de 7 ans. Aujourd’hui, elle n’est plus que de 7 mois. Si cette tendance pour le court-terme ne s’estompe pas, elle risque de plomber les rendements des investisseurs et de réduire les gains de productivité dans l’ensemble de l’économie, s’inquiètent certains investisseurs institutionnels.

« Les philosophies d’investissement axées sur le court-terme amènent les dirigeants de sociétés à prendre des décisions qui ne sont pas optimales », a déploré le premier vice-président, marchés boursiers de la Caisse de dépôt et placement du Québec, Jean-Luc Gravel, lors du Colloque québécois de l’investissement responsable, la semaine dernière à Montréal.

Pas moins de 78 % des hauts dirigeants se disent en effet prêts à sacrifier des investissements porteurs à long terme pour obtenir de bons rendements trimestriels. Une entreprise pourrait par exemple décider de ne pas élargir ses activités vers la Chine si elle juge que le retour sur l’investissement mettrait trop de temps à se concrétiser.

Or, rappelle M. Gravel, il faut souvent être patient avant de récolter les fruits d’un bon investissement. Coca-Cola a mis 10 ans avant d’atteindre le seuil de rentabilité en Chine; Procter & Gamble et L’Oréal, huit.

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Volatilité anormale

Plusieurs raisons peuvent expliquer le fait que les investisseurs aient réduit leur horizon de placement au cours des dernières décennies. Dans le but d’attirer des clients, les fonds communs de placement ont notamment voulu générer de la performance à court terme.

Les stratégies d’investissement axé sur le long terme ont également tendance à s’éloigner des rendements dégagés par les indices, à la hausse comme à la baisse. Même si ce phénomène est tout à fait normal, il crée de l’inconfort chez certains investisseurs.

Les actionnaires activistes, qui mettent de la pression sur les entreprises pour que le cours de leurs titres monte en flèche dans le but de revendre ceux-ci à court-terme, sont aussi pointés du doigt. En priorisant les gains à court terme, ces actionnaires créent beaucoup de volatilité sur les marchés, affirme M. Gravel. « Les roulements de portefeuilles élevés amènent une volatilité de loin supérieure à la variation normale des cours intrinsèques des titres. »

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