Changement climatique
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Déçu du manque d’ambition, une caisse de retraite danoise menace de quitter la coalition de grands investisseurs, soutenue par les Nations-Unies, dédiée à la lutte contre les changements climatiques.

Les désaccords étaient déjà apparents parmi les grands investisseurs au sujet du climat; mais c’est désormais leur coexistence au sein de la Net Zero Asset Owner Alliance (NZAOA) qui est en jeu.

Cette coalition regroupe des assureurs et des fonds de pension pour agir contre les changements climatiques, avec le soutien des Nations-Unies. Ses membres contrôlent 11 000 milliards de dollars d’actifs dans le monde entier.

Au Canada, la NZAOA compte quatre membres: la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ), Co-operators, l’University Pension Plan de l’Ontario, et l’University of Toronto Asset management Corporation.

La caisse de retraite danoise AkademikerPension pourrait quitter la coalition, par manque d’ambition de l’alliance internationale. Un document de synthèse remis à 85 membres de la coalition énonce de nouvelles exigences, mais de façon trop peu contraignantes, critique cette caisse de retraite qui agit pour 150 000 employés du secteur public au Danemark, rapporte Reuters.

Ces exigences s’appliquent à la détention d’actions et d’obligations de sociétés pétrolières et gazières cotées en bourse. La NZAOA demande à ses membres de ne plus financer directement de nouvelles infrastructures pétrolières et gazières liées aux projets d’exploration et de production.

AkademikerPension souhaitait que les membres de la coalition n’investissent plus indirectement dans de nouveaux projets pétroliers ou gaziers. Ils auraient dû cesser d’investir dans les sociétés publiques et dans les obligations d’entreprises tant que les sociétés émettrices investissent elles-même dans de nouveaux gisements de pétrole ou de gaz.

La caisse de retraite dit devoir reconsidérer sa participation à la NZAOA à l’avenir. « Nous ne disons pas que tous les membres de la NZAOA doivent se débarrasser dès demain des actions cotées en bourse des grandes compagnies pétrolières, mais l’objectif et la position doivent être clairs: les nouvelles activités pétrolières et gazières sont incompatibles avec un réchauffement de 1,5 degré », explique Anders Schelde, le directeur des investissements d’AkademikerPension, cité par Reuters.

La NZAOA a convenu que ses exigences reflètent une norme minimale parmi ses membres. Or, des membres de l’alliance craignaient que des exigences trop précises les exposent à des poursuites antitrust.

Cette querelle n’est pas la première à survenir entre les grands investisseurs engagés pour le climat. La Glasgow Financial Alliance for Net Zero (GFANZ), dirigée par Mark Carney, l’ancien gouverneur de la Banque du Canada, a renoncé à s’engager dans une campagne de réduction des émissions de gaz à effet de serre des Nations-Unies.

De leur côté, les membres du Partnership for Carbon Accounting Financials (PCAF) sont divisés quant à la divulgation des émissions de carbone liées à leurs activités sur les marchés.

La semaine passée, l’assureur allemand Munich Re s’est retiré de la coalition Net-Zero Insurance Alliance, afin d’éviter des risques antitrust. Mais il demeure présent dans la NZAOA.