Changer les perceptions et mettre en place des outils pour aider les gestionnaires est d’autant plus important que cela permettrait d’éviter des conséquences graves pour le gestionnaire et pour l’entreprise. Comme le précise la ­Commission de la santé mentale du ­Canada dans le ­Guide de l’employeur intitulé ­Santé et sécurité psychologiques, « les facteurs de stress existant en milieu de travail sont liés à un risque accru de troubles mentaux et d’autres problèmes psychologiques ».

La détresse psychologique constitue la première réaction d’un individu qui fait face à un niveau élevé d’agents stressants et qui ne parvient pas à s’adapter à la situation. « ­Il est possible qu’il éprouve un ensemble d’émotions négatives qui peuvent, à long terme, aboutir à l’épuisement professionnel ou à une dépression, précise Salima Hamouche. Il peut également développer des comportements dysfonctionnels et avoir recours à l’alcool ou à des médicaments psychotropes pour traiter une détresse ou pour faire face à la situation stressante et être performant au travail. »

Des solutions à développer

Jusqu’à présent, les outils mis en place dans les entreprises pour prévenir les problèmes de santé mentale s’adressent surtout aux employés. « ­De plus, c’est la responsabilité des cadres de veiller à l’application de ces programmes et au ­bien-être de leurs équipes, ajoute ­la chercheuse. Il serait important que ces programmes prennent en considération que les gestionnaires sont également susceptibles d’avoir des problèmes
de stress. »

Outre le fait de faciliter l’accès des gestionnaires aux programmes d’aide aux employés (PAE), il est essentiel d’identifier les facteurs de risque au sein de l’entreprise. « ­Ces facteurs varient d’une entreprise à l’autre, rappelle Salima Hamouche. En les identifiant, on détermine également les ressources disponibles au sein de l’entreprise. »

Parmi les outils qui permettent de réduire le stress, la formation des cadres s’impose comme une mesure essentielle pour leur permettre d’être autonomes et en contrôle de la situation. Ainsi, « il est très important d’éduquer les gestionnaires sur la manière de gérer leur temps, d’organiser leurs tâches », souligne Mme Hamouche. Certaines entreprises vont même jusqu’à mettre en place une politique de gestion des appareils intelligents. « ­On commence à voir des compagnies qui mentionnent qu’entre certaines heures, on ne devrait pas recevoir de courriel, ajoute ­Diane ­Miller-Bourdon. Les gestionnaires ne peuvent pas répondre 24 heures par jour, sept jours par semaine. On peut mettre en place une structure pour qu’ils aient des moments pour récupérer. »

Les programmes de conciliation ­travail-vie personnelle permettent aussi de faciliter la vie des gestionnaires, tout comme les programmes de « codéveloppement », qui sont de plus en plus présents dans les entreprises. « ­Il s’agit de faire travailler des gestionnaires ensemble pour qu’ils puissent partager leurs expériences et trouver des solutions ensemble à des difficultés vécues dans l’entreprise, explique Salima Hamouche. Le but est l’échange des meilleures pratiques. »

La communication au sein de l’entreprise s’avère également importante pour réduire le stress des gestionnaires. « ­On peut améliorer la communication entre le cadre et son équipe en mettant en place des programmes d’optimisation de la communication », précise Mme Hamouche.

Finalement, la reconnaissance au travail est une solution très simple à mettre en place et qui permet d’augmenter la satisfaction de tous les acteurs de l’entreprise.

« ­Lorsqu’un gestionnaire reconnaît les bons coups des employés, on peut s’attendre, en retour, à une réciprocité des employés », croit ­Jacques ­Grisé. Les programmes de reconnaissance au travail devraient s’adresser aussi aux gestionnaires. « ­Un manque de reconnaissance ressenti par les cadres a été révélé par certaines études », mentionne Salima Hamouche. « ­On ne s’occupe pas suffisamment des gestionnaires parce qu’ils n’en manifestent ­peut-être pas la nécessité, conclut ­Jacques ­Grisé. Mais ils en ont tout autant besoin, sinon plus dans certains cas, que les employés. »

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