Les travailleurs du secteur public au Québec bénéficient de salaires et d’avantages sociaux plus élevés que leurs concitoyens œuvrant dans le secteur privé, révèle une nouvelle étude de l’Institut Fraser.

Basée sur les derniers résultats de l’Enquête sur la population active de Statistique Canada, l’étude conclut que les travailleurs du secteur public de la province ont bénéficié d’un revenu 32,2 % supérieur à ceux du secteur privé en 2021. Cet écart est toutefois réduit à 7,8 % lorsque les données sont ajustées pour prendre en considération différents facteurs comme l’âge, le genre, le niveau de scolarité, le type d’emploi et le secteur d’activité. Lorsque seulement les travailleurs syndiqués sont comparés, l’écart rétrécit encore à 4,9 %.

Les avantages sociaux creusent l’écart

Si les salaires sont un peu plus élevés dans le secteur public, ce sont surtout les avantages sociaux qui permettent aux travailleurs de l’État d’obtenir une rémunération globale supérieure.

Selon l’Institut Fraser, 93,5 % des employés du secteur public au Québec sont couverts par un régime de pension agréé, contre seulement 23,7 % dans le secteur privé. Parmi les travailleurs couverts, 95,1 % bénéficient d’un régime à prestations déterminées dans le secteur public, par rapport à 54,6 % dans le secteur privé. L’étude mentionne également que les travailleurs de l’État partent à la retraite en moyenne 2,8 ans plus tôt.

Du côté des absences, les employés à temps plein dans le secteur public se sont absentés en moyenne 16,4 jours pour des raisons personnelles, alors que les employés du secteur privé ont manqué en moyenne 12 jours de travail pour les mêmes raisons.

L’Institut Fraser a également mesuré la sécurité d’emploi. En 2021, 4,2 % des travailleurs du secteur privé ont perdu leur emploi, comparativement à 0,7 % des employés gouvernementaux.

« À une époque où les gouvernements font face à de sérieuses pressions financières, le fait d’aligner la rémunération du secteur public sur celle du secteur privé permettrait de réduire les coûts sans nécessairement affecter les services », soutient Ben Eisen, chercheur principal à l’Institut Fraser.

Une étude « à des années-lumière de la réalité »

Les conclusions de l’Institut Fraser ont soulevé l’ire du Syndicat de professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ), qui accuse le groupe de recherche d’un « manque flagrant de rigueur ».

« Encore une fois, l’Institut Fraser induit dangereusement le public en erreur, en présentant ses données de manière si peu nuancée, estime Guillaume Bouvrette, président du SPGQ. Plutôt que d’effectuer des amalgames qui faussent la réalité pour faire avancer ses idées de droite, l’Institut Fraser devrait plutôt se pencher avec rigueur sur les résultats des enquêtes de l’Institut de la statistique du Québec. Ce faisant, il constaterait notamment que le salaire des employés de l’administration publique québécoise est inférieur de 11,9 % à celui de l’ensemble des autres salariés du Québec. »

Une enquête de l’ISQ publié en novembre dernier indiquait en effet que les employés de l’État québécois recevaient un salaire inférieur à ceux du secteur privé, mais des avantages sociaux plus généreux. L’enquête révélait cependant que les autres travailleurs du secteur public (gouvernement fédéral, municipalités, sociétés d’État) gagnaient un salaire plus élevé que dans le secteur privé. Or, dans son étude, l’Institut Fraser ne fait pas de distinctions entre les différents travailleurs du secteur public.

Il faut aussi noter que l’enquête de l’ISQ ne tient pas compte dans ses analyses des entreprises de moins de 200 employés, où les salaires sont généralement plus bas.

Le SPGQ déplore par ailleurs que le personnel professionnel du gouvernement du Québec « est mal équipé en matière d’assurance collective parce que l’employeur ne contribue même pas assez pour payer les taxes du régime ».