Le harcèlement en milieu de travail toucherait près de 100 000 travailleurs chaque année au Québec, d’après une estimation de l’Ordre des CRHA.

Près de deux travailleurs québécois sur trois (63 %) ont eu connaissance au cours de la dernière année d’au moins un signalement ou une plainte en matière de harcèlement au sein de l’organisation, indique un sondage mené en janvier auprès de plus de 600 CRHA et CRIA. Ce constat tient compte des signalements ou des plaintes, fondés ou non. 

En rapprochant ce chiffre avec un premier sondage effectué au mois de décembre, l’Ordre des CRHA en conclut que ce sont près de 100 000 travailleurs québécois qui sont victimes de harcèlement en milieu de travail chaque année.

Le sondage mené en décembre indique que 11 % des travailleurs québécois ont été personnellement victimes de harcèlement en milieu de travail au cours de la dernière année.

Au cours de l’année écoulée, ce sont 484 000 travailleurs qui considéraient avoir subi du harcèlement au travail, si on extrapole ses chiffres. Selon les experts consultés par l’Ordre des CRHA, une plainte sur cinq est également fondée en matière de harcèlement en milieu de travail.

Ces hypothèses poussent donc l’Ordre des CRHA à estimer que près de 100 000 travailleurs sont victimes de harcèlement au travail, chaque année dans la province.

Or, la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) a enregistré 4 909 demandes de recours pour harcèlement en 2022. Cela signifierait que la grande majorité des victimes ne déposent pas de demande.

L’ordre des CRHA souligne que trois travailleurs sur dix (30 %) ne savent pas si leur employeur a mis en place une politique de prévention du harcèlement psychologique ou sexuel et de traitement des plaintes tel que l’exige la loi, ou croient que son employeur n’a pas de politique. Et une personne sur quatre (26 %) ne saurait pas à qui s’adresser au sein de son organisation pour déposer une plainte. Ils sont presque aussi nombreux (24 %) à ne pas avoir confiance sur le fait que leur employeur prendrait leur plainte au sérieux, et prendrait des mesures appropriées si une plainte pour harcèlement était déposée.

« Il n’est plus possible de se mettre la tête dans le sable. Les données démontrent qu’en dépit de la prévention faite au sein des organisations, le harcèlement psychologique est d’une telle ampleur qu’on doit véritablement parler d’un enjeu de santé publique. Comme société, il faut en prendre acte et se donner les moyens d’agir plus vigoureusement », commente Manon Poirier, la directrice générale de l’Ordre des CRHA.