Les différences de comportement entre les hommes et les femmes en matière d’investissement suscitent un intérêt grandissant depuis quelques années, rapporte Le Temps.

Dans une analyse publiée lundi par le quotidien helvète, Christian Zeitler, directeur pour la Suisse du groupe Legg Mason, étudie les conséquences qu’entraînent ces attitudes différenciées pour les détenteurs et détentrices de portefeuilles de titres.

Sur la base d’un sondage effectué au début de l’année par sa firme auprès de 900 épargnants et investisseurs suisses, il estime que les femmes semblent avant tout « enclines à associer leur objectif de placement à l’idée d’apporter sécurité et soutien à leur famille tout en favorisant son indépendance » et que « leurs objectifs sont donc souvent de long terme ». Au contraire, les hommes ont davantage « tendance à être compétitifs (…) et à se concentrer sur la performance à court terme de leur portefeuille ».

« Chaque approche a des avantages et des inconvénients »

Selon le dirigeant, « ces approches contrastées présentent chacune des avantages et des inconvénients ». Ainsi, les hommes « sont plus susceptibles d’être influencés par un biais de confirmation, mais aussi plus enclins à investir à contre-courant » et, d’une manière générale, ils se montrent « plus indépendants et autonomes lors de leurs recherches », tandis que les femmes « sont davantage susceptibles de faire des recherches approfondies et de demander l’avis d’autres personnes avant de prendre leur décision », ce qui fait qu’elles « tendent à suivre les opinions consensuelles ».

Le sondage révèle notamment que « les femmes détiennent une part de liquidités et d’obligations supérieure d’environ 7 % à celle des hommes », mais que dans le même temps « elles pondèrent les actions de façon similaire ». « La différence se situe dans la proportion plus importante de placements immobiliers et d’investissements non traditionnels détenue par les hommes », précise Christian Zeitler.

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Par ailleurs, l’enquête montre que les investisseuses souhaitent en premier lieu protéger plus de la moitié de leur portefeuille contre les risques de placement importants, ce qui reflète « un optimisme moindre à l’égard des marchés » que celui de leurs homologues masculins. Dans ces conditions, il n’est pas étonnant que leurs attentes concernant l’évolution des marchés durant l’année à venir soient elles aussi différentes : 54 % des sondées répondent qu’elles ne sont pas optimistes, alors que cette proportion n’est que de 37 % parmi les hommes.

Plus prudentes, les femmes privilégient l’immobilier

Autre différence de taille, ces derniers « favorisent clairement le rapport risque/rendement des actions » quand on leur demande quels investissements leur paraissent les plus prometteurs sur un horizon d’une année, alors que les femmes « montrent une nette préférence pour l’immobilier ». « Le constat le plus intéressant est que près d’un quart d’entre elles affirment n’avoir aucune idée de la catégorie d’actif qui surperformera au cours des 12 prochains mois, alors que seuls 10 % des hommes se montrent aussi incertains », note Christian Zeitler. Celui-ci ajoute que la différence s’amplifie encore lorsqu’on demande aux uns et aux autres de citer les pays qui leur paraissent les plus prometteurs pour investir; dans ce cas, 22 % des hommes indiquent ne pas le savoir, comparativement à 59 % des femmes.

Des résultats qui confirment « la théorie selon laquelle les femmes préfèrent décider après avoir consulté quelqu’un, tandis que les hommes se fient à leurs recherches », croit le patron de Legg Mason Suisse. D’autant plus que le sondage montre aussi qu’elles tiennent davantage compte des opinions et recommandations de tiers, qu’il s’agisse de leur conseiller, de membres de leur famille ou d’autres proches. Pour leur part, les hommes ont plutôt tendance à effectuer leurs propres recherches, par exemple en consultant la presse financière ou des blogues spécialisés.

Enfin, Legg Mason a interrogé son panel d’investisseurs à propos de leur style de placement. Et cette fois encore, la différence entre les femmes et les hommes apparaît nettement : alors que les premières sont 83 % à qualifier leur approche de prudente, seuls 71 % des seconds considèrent appartenir à cette catégorie. « Les hommes sont donc bien plus enclins [que les femmes] à affirmer qu’ils ont pris des risques de placement qui se sont révélés payants et qu’ils ont l’intention de relever le niveau de risque durant l’année à venir », conclut Christian Zeitler.

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