Les économistes et les gestionnaires de portefeuilles canadiens de premier plan, qui s’attendent à un ralentissement économique en 2008, prévoient que la Banque du Canada procédera à de nouvelles baisses de taux. Toutefois, selon une enquête annuelle publiée par Watson Wyatt Worldwide, peu d’entre eux s’entendent sur l’importance de ces réductions.

Les répondants à la 27e Enquête annuelle de Watson Wyatt sur les prévisions économiques prédisent que le taux de croissance du produit intérieur brut canadien réel s’établira sous les 2,5%en2008. Malgré tout, ils demeurent optimistes et croient que l’économie canadienne se redressera. Ils s’attendent à ce que la croissance duPIB réel se rétablisse à environ de 3% à moyen terme (2009 à 2012) et à long terme (2013 à 2022), et ce, grâce à de solides améliorations au chapitre de la productivité de la main-d’œuvre.

«En raison du resserrement du marché du crédit et du ralentissement accru de l’économie prévus, il règne une grande incertitude à l’égard des interventions des banques centrales,» indique Terence Yuen, économiste chargé de recherches chez Watson Wyatt Worldwide. Si la majorité des participants au sondage entrevoient de nouvelles réductions tant au Canada qu’aux États-Unis, l’ampleur des réductions anticipées varie de 25 à plus de 100points de base. Par ailleurs, certains participants prévoient que les taux directeurs seront majorés à 4,5% ou plus d’ici la fin de2008.

La faiblesse des exportations continuera de freiner considérablement l’économie en2008 en raison de la force du dollar canadien. La majorité des participants prévoient que le taux de change Canada-États-Unis s’établira autour de la parité en2008. Toutefois, les opinions sont partagées quant à savoir si la parité pourra se maintenir à long terme. Environ la moitié des répondants au sondage sont d’avis que le dollar canadien reculera à moins de 95cents américains d’ici2012,tandis que l’autre moitié croit qu’il s’établira à 95cents américains ou plus à long terme.

Après une décennie de baisse continue des taux d’intérêt à long terme, rien ne laisse présager un revirement de la situation à court terme. La courbe de rendement demeure neutre d’un point de vue historique. Le papier commercial adossé à des actifs et les prêts hypothécaires à risque aux États-Unis ont soulevé des préoccupations par qui continuent de d’accroître la volatilité des marchés obligataires et boursiers mondiaux. Ainsi, les participants au sondage font preuve de prudence dans leurs prévisions quant aux rendements des marchés boursiers canadiens en 2008. La médiane du rendement attendue se situe à 5% en 2008. De plus, plus de 20% des participants prédisent une correction importante du marché en2008, comparativement à seulement 3% il y a un an pour2007.

Stratégies de placement des caisses de retraite
«Puisqu’ils s’attendent à une courbe de rendement neutre, à une volatilité accrue des marchés financiers et à des rendements boursiers inférieurs à 10%, les répondants de régimes de retraite chercheront des moyens d’améliorer le rendement», explique Jean-Jacques Chouinard, chef de pratique, Services-conseils en investissement, Est du Canada chez Watson Wyatt Worldwide. «Nul ne s’étonnera que les participants au sondage de cette année aient indiqué que la compétence du gestionnaire jouera un rôle plus important au chapitre du rendement que tout autre facteur lié à la macroéconomie.»

Les participants au sondage ont également indiqué leur intention d’élargir la gamme de produits à revenu fixe qu’ils offrent aux caisses de retraite. Environ un tiers des nouvelles catégories de placement envisagées sont directement liées aux obligations. Certains gestionnaires de portefeuille élaborent aussi des produits liés aux stratégies de rendement absolu et au transfert d’alpha. Après avoir longuement considéré ces catégories de produits, il semble que le temps soit venu de les adopter et de les mettre en œuvre.