Une pénurie de main-d’œuvre prolongée au Canada pourrait alimenter une croissance des salaires plus rapide et l’inflation au fil du temps, ce qui pourrait nécessiter des taux d’intérêt plus élevés à long terme, selon un nouveau rapport d’Économique RBC publié mercredi.

Les salaires augmentent rapidement au Canada, mais jusqu’à maintenant, ils n’arrivent pas à suivre la cadence de l’inflation, a souligné le rapport.

En novembre, par exemple, les revenus horaires moyens ont augmenté d’environ 10 % par rapport aux niveaux d’avant la pandémie, atteignant leur rythme de croissance le plus rapide depuis les années 1990. L’inflation, cependant, atteignait environ 12 % sur la même période.

En 2023, les augmentations de salaire devraient être « absorbées par la hausse des prix et du coût de l’emprunt », ce qui réduira les revenus disponibles, selon le rapport.

Pourtant, les pénuries structurelles de main-d’œuvre à long terme pourraient continuer à faire monter les salaires au fil du temps, contribuant potentiellement à l’inflation.

« Bien qu’il ne soit pas prouvé qu’une croissance plus élevée des salaires ne se soit pas immédiatement inflationniste, cela pourrait changer avec le temps, indique le rapport. Avec une pénurie de travailleurs disponibles, les employés potentiels auront plus de poids à la table de négociation, ce qui, à son tour, alimentera une croissance salariale plus rapide. »

Il y a environ 50 % de postes vacants en plus aujourd’hui par rapport à avant la pandémie, tandis que le bassin de chômeurs est 11 % plus petit, précise le rapport.

Pour courtiser le personnel, les employeurs augmentent les niveaux de rémunération, explique le service d’études économiques de la Banque Royale. C’est un scénario qui, selon la banque, pourrait « au mieux ralentir le rythme auquel l’inflation diminue et au pire, la relancer ».

« Cela pourrait obliger les banques centrales à maintenir plus longtemps les taux d’intérêt au-dessus des niveaux prépandémiques pour contrebalancer la hausse des prix », indique le rapport.

Malgré tout, la Royale affirme que la pénurie de main-d’œuvre pourrait être contrebalancée par des dépenses en immobilisations dans des investissements améliorant la productivité, comme l’automatisation.

« L’augmentation de la productivité des entreprises, grâce à des investissements en capital, peut contrebalancer ces pressions en augmentant les revenus et en permettant aux entreprises de payer plus facilement une masse salariale plus élevée, indique le rapport. Mais en l’absence de cette amélioration de la productivité, la demande dépassera l’offre disponible de biens et de services, ajoutant de nouvelles pressions inflationnistes. »