De nouvelles études montrent que les régimes de retraite à prestations déterminées se portent bien, car les promoteurs de régime exploitent mieux que jamais leurs actifs.

Hier encore, les experts sonnaient le glas de ce pilier des avantages sociaux canadiens, le régime de retraite à prestations déterminées (PD). Il y a quelques années, les promoteurs de tels régimes se démenaient pour garder la tête hors de l’eau, frappés par les pires conditions de ce qu’on pourrait appeler la «tempête du siècle » : taux d’intérêt plus bas que jamais, rendements boursiers catastrophiques de 2000 à 2003 et contraintes émanant de nouvelles règles de comptabilité et de solvabilité draconiennes qui promettaient de rendre les régimes PD moins intéressants que jamais à offrir aux employés. Les temps ont bel et bien changé, et des études récentes prouvent que l’annonce de la fin des régimes PD au Canada pourrait avoir relevé de l’exagération. Au contraire, le sondage 2007 sur les régimes à prestations déterminées au Canada mené par Pyramis Global Advisors et le Canadian Pension Fund Directory indique que les promoteurs canadiens sont fortement favorables aux régimes PD grâce à des niveaux élevés de capitalisation et de solvabilité. Toutefois, bien qu’ils soient confiants à l’avenir, ces mêmes promoteurs exploitent mieux que jamais leurs actifs pour éviter d’être frappés une nouvelle fois par l’augmentation des coûts et la volatilité des marchés.

Ces conclusions sont importantes, car elles montrent que les gestionnaires de régimes PD canadiens cherchent activement des solutions du côté des placements pour rester en position favorable et assurer la survie future des régimes PD. Plus particulièrement, nos recherches indiquent que 87 % des gestionnaires de régimes canadiens prévoient continuer à offrir un régime PD à leurs employés au cours des 5 à 10 prochaines années. Il est à noter qu’il s’agit de régimes ouverts et non de régimes n’admettant plus de nouveaux participants. Ce qui est encore plus encourageant, c’est que ces mêmes régimes déclarent d’excellents niveaux de capitalisation: 84 % sont capitalisés à plus de 91 %. Ils se portent également bien du point de vue de la solvabilité, près de la moitié des régimes canadiens visés par notre sondage indiquant des ratios de solvabilité de plus de 100 % et le tiers, entre 91 % et 100 %.

Ces données constituent le tableau le plus optimiste que nous ayons observé depuis toutes les années d’existence des régimes PD au Canada. Cependant, malgré les bonnes nouvelles, les promoteurs ne sont pas complaisants et ne prévoient pas prendre de congé de cotisations. Notre sondage indique plutôt que les coûts à long terme et la gestion du risque sont au cœur de leurs préoccupations pour l’avenir et qu’ils adoptent une méthode proactive pour traiter ces problèmes grâce aux placements. Cela peut s’expliquer en grande partie par les nouvelles règles du Conseil des normes comptables du Canada qui doivent entrer en vigueur en 2011. Les changements proposés prévoient la reconnaissance du niveau de capitalisation du régime PD dans le bilan des gestionnaires de régimes. Ces règles devaient au départ être mises en œuvre à la fin de cette année, mais, comme le Conseil veut faire correspondre les nouvelles exigences aux normes comptables internationales en pleine évolution, les promoteurs ont maintenant plus de temps pour se préparer.

Que font-ils pour se préparer? Comme les normes comptables semblent vouloir devenir plus rigoureuses, les gestionnaires de régimes passent de la gestion de l’actif à la gestion du passif, et ils sont attirés par les placements et les stratégies qui les aideront à conserver ces bons niveaux de capitalisation et de solvabilité à l’avenir. Notre sondage montre que nombre d’entre eux cherchent des méthodes de gestion des placements novatrices axées sur le respect de leurs engagements financiers et l’obtention d’un rendement de l’actif qui puisse les aider à y parvenir. Les stratégies de placement adossées au passif deviennent la nouvelle méthode de prédilection de la majorité des régimes visés par le sondage. De plus, depuis l’abandon du plafond applicable aux investissements étrangers, la majorité de nos répondants délaissent les actions canadiennes et beaucoup choisissent les titres mondiaux et d’autres placements provenant de l’extérieur des frontières canadiennes.

Les résultats indiquent aussi que d’autres catégories d’actifs et stratégies sont également à prévoir pour l’avenir, le quart des répondants envisageant sérieusement l’adoption de portefeuilles d’actions utilisant une stratégie 130/30. Adoptant une position partiellement vendeur, ces fonds combinent les traditionnels placements axés uniquement sur les positions longues et la vente à découvert. En même temps, les fonds spéculatifs, les placements privés, le capital de risque et les infrastructures seront également plus présents au sein des régimes de retraite à l’avenir : près des trois quarts de nos répondants disent vouloir augmenter le recours à de telles options dans les années à venir.

On ne peut pas encore dire si les stratégies de placement adossées au passif et la multitude de nouvelles catégories d’actifs pourront éviter aux régimes PD une partie des difficultés qu’ils ont connues par le passé. Cela dit, tandis qu’un grand nombre de ces tendances émergentes deviennent dominantes, les promoteurs élargissent de toute évidence leurs horizons et adoptent la gestion des placements comme principal moyen de respecter leurs engagements futurs. Ainsi, les caisses de retraite devraient nettement se différencier de leurs prédécesseurs constitués à 60 % de titres à revenu fixe et à 40 % d’actions au fur et à mesure qu’ils trouveront de nouvelles façons d’assurer la survie des régimes PD pour les années à venir.