Les entreprises qui veulent retenir les services de baby-boomers expérimentés qui songent à la retraite pourraient être intéressés par la retraite progressive, une combinaison de travail et de retraite rendu possible grâce à un changement aux règles fédérales.

La plupart des régimes de retraite considèrent 65 ans comme l’âge normal de la retraite, et plusieurs ont des clauses qui permettent aux gens de prendre leur retraite plus tôt sans être pénalisés.

Mais Ottawa a modifié les règles afin que ceux qui n’ont que 55 ans et sont admissibles à une pleine pension en vertu d’un plan à prestations déterminées puissent pouvoir obtenir jusqu’à 60% de leur pension tout en continuant à travailler.

« Plusieurs employeurs tentent d’attirer plus de travailleurs et de retenir leurs meilleurs éléments dans un monde où vous avez un plus grand nombre de départs à la retraite », observe Ian Markham, directeur de l’innovation des pensions pour la firme de consultants Watson Wyatt Worldwide.

« Plusieurs des individus que les employeurs cherchent à retenir sont ceux qui ont plus d’aptitudes. » Puisque le Canada est aux prises avec des pénuries de main-d’oeuvre d’un océan à l’autre dans toutes sortes d’industries, les approches flexibles quant à la gestion des retraites, comme leur application progressive, sont extrêmement importantes, estime M. Markham.

Les programmes de retraite progressive permettent aux employés de réduire graduellement leurs heures de travail plutôt que de quitter soudainement le bureau lorsqu’ils atteignent un chiffre magique — souvent la somme de l’âge et des années de service. Lorsque le revenu diminue avec le nombre d’heures, les prestations de retraite augmentent.

Cela permet aux employés de s’ajuster aux changements de rythme de vie qui viennent avec la retraite tout en facilitant les changements financiers qui accompagnent le passage aux prestations de retraite.

Québec a fait des changements similaires pour assouplir ses règles de retraite progressive en vertu de sa propre réglementation provinciale à ce sujet. Selon M. Markham, sans ces changements, les employés admissibles à la retraite anticipée en vertu de leur régime de pension pourraient être très peu motivés à continuer de travailler.

Dans certains cas, le partage de la pension et des salaires pourrait en fait se traduire par une augmentation du salaire net, mais au moins la retraite progressive permet de moins travailler et de jouir du même niveau de revenus.

« Différentes personnes se trouvent dans différentes circonstances et il existe différents genres d’ententes, mais je crois que les individus dans cette situation sont assez capables d’établir par eux-mêmes — même s’ils ne sont pas particulièrement doués en mathématiques — ce que représente l’entente dans l’ensemble. »
Les baby-boomers ont commencé à avoir 60 ans l’an dernier et Statistique Canada a prédit que le nombre de travailleurs qui prennent leur retraite au Canada surpassera celui des nouveaux travailleurs d’ici 10 ans, ce qui créera une pénurie de main-d’oeuvre qualifiée. Le gouverneur de la Banque du Canada, David Dodge, a lui aussi exprimé des inquiétudes cette année au sujet de l’impact que risque d’avoir la vague de départs à la retraite sur la croissance économique, l’inflation et les taux d’intérêt.

Par ailleurs, le revenu de pension d’un contribuable peut être fractionné et transféré à son conjoint, ce qui peut réduire l’impôt total déboursé par un couple si le conjoint en question est imposé à un taux marginal inférieur. Il s’agit d’un avantage considérable pour ceux qui choisissent la retraite progressive, fait valoir le directeur de la planification financière chez Vancity, Keith Hazell.

« Cependant vous devez tout de même déterminer l’impact d’une semaine de travail réduite sur votre planification de retraite pour les 30 prochaines années ou à peu près », précise M. Hazell. (PC)