Avec presque 12 jours d’absence par année, les Québécois sont les champions de l’absentéisme au pays. Et ce n’est pas parce qu’ils sont plus souvent malades.

La tendance n’a rien d’encourageante. Selon des données de Statistique Canada, le nombre de jours de travail manqués n’était que de 10,7 en 2012.

Ce ne sont pas les rhumes ou les motifs personnels les plus grands responsables d’un tel taux d’absence, mais plutôt l’organisation des milieux de travail, selon Angelo Soares, du Département d’organisation et de ressources humaines à l’École des sciences de la gestion de l’UQAM.

« L’absentéisme au Québec est plus important, mais on ne doit pas voir ça comme un problème de personnes qui ne veulent pas travailler. C’est plutôt les conditions de travail, l’organisation du travail qui sont plus stressantes. Faire plus avec moins n’a aucun sens! Et ça amène les gens à s’absenter plus du travail », a-t-il expliqué à Radio-Canada.

Selon lui, les exigences de performance et le contrôle excessif exercé par certains employeurs sont directement liés à la hausse de l’absentéisme.

Le harcèlement qui mène à l’absentéisme

Alors que la question du harcèlement sexuel dans les milieux de travail fait les manchettes depuis plusieurs semaines, tout indique que cet enjeu poussent les femmes à s’absenter plus fréquemment.

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En effet, les femmes s’absentent en moyenne quatre jours de plus que les hommes dans la province (14 contre 10). Et contrairement à ce que l’on pourrait croire, ce n’est pas les difficultés liées à la conciliation travail-famille qui sont le plus en cause.

« Les femmes sont concentrées dans les ghettos traditionnellement féminins qui ont des conditions de travail plus difficiles, qui sont plus dures. Le stress et le harcèlement au travail ont souvent un plus grand impact qu’une maladie, un deuil ou une séparation », affirme M. Soares.

Des absences qui coûtent cher

Dans l’ensemble du Canada, les travailleurs s’absentent en moyenne 9,5 jours par année, ce qui représente une facture salée pour les employeurs. Interrogé par Le Journal de Montréal, Daniel Leduc, avocat en droit de l’emploi et du travail chez Norton Rose Fulbright, estime que les employeurs peuvent dédier jusqu’à 20 % de leur masse salariale uniquement en coûts directs et indirects liés aux absences imprévues.

En mettant en place des programmes de mieux-être, les organisations peuvent obtenir un retour sur investissement jusqu’à 50 fois le montant dépensé, assure Angelo Soares.

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