Alors que les employeurs envisageaient d’octroyer à leurs employés des augmentations salariales supérieures à l’inflation en 2020, l’arrivée soudaine de la crise de la COVID-19 ce printemps pourrait radicalement changer la donne.

Selon l’Enquête sur les prévisions salariales de Morneau Shepell, publiée l’automne dernier, les employeurs canadiens s’attendaient à ce que les salaires de base augmentent d’environ 2,7 % en 2020, soit une hausse plus importante que celle consentie aux travailleurs en 2019. Une enquête similaire de Mercer tablait sur une hausse très similaire de 2,6 %.

Ces prévisions sont-elles devenues totalement obsolètes en raison des perturbations économiques causées par la pandémie de COVID-19? Selon Normandin Beaudry, les organisations n’ayant pas encore octroyé leur budget annuel d’augmentation salariale risquent de revoir à la baisse, et de façon significative, le budget initialement prévu.

L’automne dernier, seulement 3 % des organisations prévoyaient un gel salarial pour 2020, mais la firme anticipe maintenant une hausse importante du nombre de gels qui seront réellement effectués. Cette hausse pourrait potentiellement atteindre un niveau similaire à celui observé lors de la crise économique de 2008-2009 où plus de 30 % des organisations avaient dû effectuer un gel de salaire, alors qu’à peine 2 % d’entre elles pensaient le faire avant la crise.

Les gels salariaux – tout comme le taux directeur de la Banque du Canada, le taux de chômage, la croissance du PIB et l’Indice des prix à la consommation (IPC) – affecteront de façon importante les budgets annuels d’augmentations salariales qui seront réellement accordés par les organisations en 2020, prévoit Normandin Beaudry.

Mais les effets de la crise sur les budgets d’augmentation salariale pourraient se faire sentir jusqu’en 2021. Comparativement à la crise financière de 2008-2009, qui avait montré ses premiers signes à l’automne 2008, la contraction économique de 2020 arrive alors que plus de 40 % des organisations ont déjà distribué leur budget annuel d’augmentations salariales.

Les travailleurs canadiens doivent donc s’attendre à ce que leur employeur demeure prudent quant aux hausses salariales l’an prochain, surtout dans l’éventualité d’une reprise économique lente. Des pourcentages élevés de gels salariaux sont à prévoir non seulement en 2020, mais possiblement en 2021 aussi.

Selon l’institut de la statistique du Québec, le salaire horaire moyen des travailleurs de la province avait enregistré une croissance de 4,8 %, en 2019, la plus forte hausse de la dernière décennie.