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Jean-François Courville est président et chef de la direction de State Street Canada. Dans ce rôle, il a pour mission de développer et de mettre en œuvre les stratégies clés de State Street à travers l’ensemble de ses domaines d’activités couvrant la gestion de portefeuilles, les services financiers aux investisseurs institutionnels, la recherche et l’analyse financière ainsi que le courtage sur les marchés canadien et international. Il nous parle des tendances actuelles dans le domaine des investissements.
L’industrie des investissements institutionnels se trouve présentement en pleine transformation. « Les caisses de retraite canadiennes sont en train de devenir la référence mondiale en matière de gestion de fonds, indique M. Courville. La demande pour la conformité ainsi que pour l’analyse de la performance se sont grandement accrues depuis quelques années. Comme gestionnaire, il faut donc demeurer très proactif et offrir des solutions adaptées aux besoins des clients de manière intégrée. »
Le rôle des gestionnaires de fonds devient plus quantitatif et plus global. Avec le nombre de produits qui augmente sans cesse et qui deviennent plus complexes, M. Courville estime que les bons gestionnaires de fonds seront ceux qui posent des questions avant de suggérer des produits ou des stratégies puisque les membres des comités de placements des caisses de retraite sont plus avertis et plus expérimentés que jamais.
« Cela se voit dans les politiques de placement des caisses de retraite canadiennes qui renferment non seulement des classes d’actif traditionnelles(actions et obligations), mais également de plus en plus de produits dérivés, comme les placements privés et les placements dans les infrastructures, par exemple. »
« Les caisses de retraite ont bâti des portefeuilles indexés, simples et abordables, tout en créant de la valeur, poursuit-il. Elles favorisent davantage une approche optimale de gestion de fonds et cherchent désormais à diviser l’alpha du bêta afin d’analyser en profondeur leurs sources de rendement. »
Comme plusieurs spécialistes, M. Courville est d’avis que l’abolition de la limite sur le contenu étranger est survenue à un bon moment puisque le marché canadien se portait bien et que la valeur du dollar était à la hausse. Il admet toutefois que personne n’était prêt à bouger l’an dernier, ce qui explique le peu de changements observés dans la répartition d’actifs des caisses canadiennes dans la première année, mais cela tend à changer.
« Le biais local, qui veut que les investisseurs canadiens investissent davantage au pays puisque leur passif est en dollars canadiens, est une autre barrière qui retarde les caisses à investir à l’international, ajoute-t-il. Avec les instruments qui existent pour s’immuniser contre les effets de la devise ainsi que la démocratisation de l’information, il n’y a plus d’inquiétude à avoir à investir à l’étranger ».
Il explique : « Il y a plus de corrélation entre deux entreprises d’un même secteur, même si elles sont situées aux deux extrémités du globe qu’entre deux entreprises canadiennes qui oeuvrent dans différentes sphères d’activité. »
En terminant, M. Courville rappelle que la gestion et l’évaluation du risque demeure toujours la clé. Selon lui, les caisses de retraite ne devraient jamais se dissocier de leur passif afin d’obtenir le maximum de rendement. « Certaines d’entre elles ont fait une erreur en négligeant de considérer leur passif. C’est d’ailleurs pourquoi on observe un retour vers des stratégies de placement plus conservatrices telles que les investissements guidés par le passif, notamment chez les caisses plus matures », termine-t-il.