Une enquête de la Banque du Canada indique que les Canadiens réduisent de plus en plus leurs dépenses tandis que les détenteurs de prêt hypothécaire restent optimistes en leur capacité d’effectuer de plus gros paiements après le renouvellement de leur prêt. 

La banque centrale a publié lundi ses enquêtes sur les attentes des consommateurs et les perspectives des entreprises pour le quatrième trimestre, révélant la situation des Canadiens dans un contexte de coûts d’emprunt accrus et de prix en hausse.

Environ les deux tiers des consommateurs ont déclaré qu’ils réduisaient leurs dépenses ou prévoyaient de le faire en raison de leurs attentes en matière de taux d’intérêt et d’inflation.

Alors que de nombreux ménages connaissent des « niveaux croissants de stress financier », ce stress est plus élevé chez ceux « qui vivent généralement d’une paie à l’autre », indique la Banque du Canada.

Selon la banque centrale, les ménages financièrement vulnérables détiennent généralement l’équivalent de moins de deux semaines de dépenses en actif liquide, sont souvent à court d’argent avant la fin du mois et ne sont pas en mesure de payer immédiatement une dépense imprévue de 500 $.

L’enquête révèle qu’un consommateur sur quatre déclare posséder au moins une de ces caractéristiques.

Renouvellement de prêt

Et même si les Canadiens sont plus pessimistes qu’au trimestre précédent à l’égard de l’économie, les détenteurs de prêt hypothécaire s’attendent toujours à pouvoir effectuer leurs paiements lorsque leur prêt sera renouvelé à un taux plus élevé.

Environ 80 % des titulaires d’un prêt hypothécaire ont déclaré qu’ils étaient assez ou très confiants dans leur capacité à effectuer des versements plus élevés.

Un rapport de la Banque TD du mois dernier qui examine les données internes sur les hypothèques et les cartes de crédit a révélé que les personnes qui avaient révisé leur prêt hypothécaire en 2023 avaient davantage réduit leurs dépenses que celles qui avaient renouvelé leur prêt en 2021 ou en 2022.

Les résultats laissent croire que les taux d’intérêt plus élevés incitent les titulaires d’un prêt hypothécaire à réduire leurs dépenses parce qu’ils doivent assumer des mensualités plus élevées.

La Banque du Canada maintient son taux d’intérêt directeur à 5 % depuis sa dernière hausse, en juillet. Cette pause a été motivée par les preuves de plus en plus nombreuses voulant que l’augmentation des taux d’intérêt ralentisse à la fois l’économie et l’inflation. L’inflation annuelle du Canada était de 3,1 % en novembre, et elle devrait continuer de ralentir au cours des prochains mois.

Bien que la banque centrale n’ait pas officiellement exclu de nouvelles hausses de taux, les économistes s’attendent généralement à ce que sa prochaine mesure soit la réduction des taux d’intérêt au cours de l’année, dans un contexte où l’économie continue de s’affaiblir et  l’inflation ralentit régulièrement.

La croissance des salaires

L’enquête sur les perspectives des entreprises de la banque centrale révèle qu’une demande affaiblie et de nouvelles pressions concurrentielles ont ralenti le rythme de la hausse des prix.

Et même si les craintes de pénurie de main-d’oeuvre se sont estompées, les entreprises s’attendent à ce que la croissance des salaires reste supérieure à la moyenne jusqu’en 2025, renforçant ainsi leurs attentes en matière d’inflation.

Environ un quart des entreprises croient qu’il faudra plus de quatre ans avant que l’inflation revienne à 2 %, indique la Banque du Canada, soulignant que cette attente découle surtout des effets des hausses des salaires, des prix des aliments et des frais de logement.

Parallèlement, les principales préoccupations des entreprises concernent la demande et l’incertitude économique, la plupart d’entre elles déclarant être touchées négativement par la hausse des taux d’intérêt.

« Ces entreprises ont des perspectives de ventes relativement modérées, ainsi que de faibles intentions d’investissement et d’embauche », affirme la banque centrale.

Andrew Grantham, directeur général et économiste principal à la Banque CIBC, affirme que l’enquête sur les perspectives des entreprises rassure la banque centrale quant au fait que les choses évoluent dans la bonne direction, mais pas suffisamment pour justifier des réductions précoces des taux.

« Dans l’ensemble, le rapport devrait rassurer quelque peu la Banque du Canada que les pressions et les attentes inflationnistes se normalisent, mais pas encore suffisamment pour entraîner une réduction précoce des taux d’intérêt. Nous continuons de nous attendre à un premier mouvement en juin », a écrit M. Grantham dans une note aux clients.

La Banque du Canada devrait faire sa prochaine annonce sur les taux d’intérêt le 24 janvier. Elle publiera également son rapport trimestriel sur la politique monétaire, qui comprendra de nouvelles prévisions économiques.