Les décisions d’investissement ne prennent pas suffisamment en compte la complexité des risques liés aux changements climatiques.

Les changements climatiques ont augmenté le risque de catastrophes naturelles coûteuses, mais ces risques ne sont toujours pas suffisamment intégré dans les décisions d’investissement.

Les risques climatiques sont évalués sous la lettre « E » dans les évaluations des risques environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG). Mais « ces catastrophes ont des impacts en cascade », observe Jeff Schlegelmilch, directeur du Centre national de préparation aux catastrophes (NCDP) de l’Institut de la Terre de l’Université de Columbia, lors d’un séminaire en ligne organisé par Alliance Bernstein.

Coûts disproportionné dans certains pays

M.Schlegelmilch a cité les chiffres du Bureau des Nations Unies pour la réduction des risques de catastrophes sur l’impact des catastrophes liées aux conditions météorologiques sur les économies des pays de 1998 à 2017. Si on considère la valeur brute en dollars, ce sont les États-Unis qui ont connu l’impact financier le plus important comparativement à tous les autres pays: les catastrophes naturelles telles que l’ouragan Harvey, l’ouragan Katrina et les incendies de forêt dans l’Ouest expliquent le coût substantiel de cet impact.

Mais si on compare cet impact au produit intérieur brut (PIB) des pays, la réalité est bien différente.

De ce point de vue, « les États-Unis ne font même pas partie des dix premiers pays », souligne-t-il. Les pays à faible revenu sont ceux dont le coût des catastrophes est le plus élevé en proportion de leur PIB. « C’est une dynamique vraiment importante, parce que les chiffres peuvent sembler moins élevés, mais l’impact peut en fait être beaucoup plus grand et perturber considérablement la trajectoire de développement du pays lorsqu’ils sont à cette échelle », croit Jeff Schlegelmilch.

Voir plus loin que la catastrophe

Les impacts en cascade des catastrophes climatiques doivent être pris en compte dans toutes les catégories d’actifs, poursuit le directeur du NCDP. Par exemple, certaines banques ont commencé à examiner l’indice de risque du NCDP lorsqu’elles souscrivent des obligations municipales.

Ces banques demandent aux émetteurs : « si vous êtes sujet aux tremblements de terre, que vous en subissez un, et que nous avons une émission d’obligations à 30 ans: quelle est votre capacité à rembourser si toutes vos entreprises fuient en raison d’une mauvaise reprise économique, interroge-t-il. Ce sont de bonnes questions à se poser. Elles ne sont peut-être pas encore explicitement requises, mais elles vont absolument avoir un impact sur les risques de ces investissements en réalité. »

Comme les infrastructures sont de plus en plus construites dans des zones particulièrement exposées aux catastrophes naturelles, leur coût potentiel doit être correctement intégré dans les décisions d’investissement, fait remarquer M. Schlegelmilch. De tels risques ne sont pas pris en compte, assure-t-il, en citant l’effondrement des digues lors de l’ouragan Katrina, le système d’égouts de Pékin submergé lors des inondations de 2016 et « l’incroyable vulnérabilité » des bâtiments en béton de qualité inférieure en Haïti.

« Quand nous examinons le coût des catastrophes, nous devons également considérer si le risque a été correctement intégré dans le calcul des investissements en infrastructures, en installations et en bâtiments; et comment le coût en dollars se répercutera dans les vies et dans les moyens de subsistance », précise-t-il.