Depuis quelques mois, les investisseurs manifestent un intérêt
accru à l’égard d’une nouvelle catégorie d’actif,
celle des infrastructures. À l’échelle mondiale, plusieurs
fonds ont récemment été mis sur pied ciblant ce secteur,
qui est censé croître au cours des prochaines années.

L’infrastructure est devenue une catégorie d’actif reconnue
grâce à ses caractéristiques propres. Par le passé,
l’infrastructure était assurée par les institutions gouvernementales,
en raison de son importance pour l’économie et le développement
social d’un pays. Depuis quelques années, on exerce de plus en
plus de pression afin que les finances du secteur privé soient utilisées
pour développer et gérer ces actifs.

Cette situation est attribuable à la quantité limitée
de ressources, au besoin croissant de construire de nouvelles infrastructures
ou de remplacer celles vieillissantes ainsi qu’à une sensibilisation
accrue du consommateur quant au choix disponibles et à la nécessité
d’avoir des infrastructures. Cette diminution du financement public et
la participation accrue du secteur privé amènent diverses possibilités
d’investissement.

Outre leurs principes fondamentaux de marché qui les rendent attrayantes,
les infrastructures présentent de solides caractéristiques de
rendement. En règle générale, les investissements en infrastructure
sont, par leur nature, des investissements à long terme(habituellement
un minimum de 10 ans)qui offrent des flux monétaires élevés,
prévisibles et durables. Les revenus générés par
des investissements en infrastructure sont de sources gouvernementales ou des
utilisateurs. Généralement, ils offrent un fort avantage compétitif
à cause du faible risque de contrepartie ou de leur position de monopole.
Les investissements en infrastructure offrent aussi un bénéfice
significatif en matière de diversification à cause d’une
corrélation faible ou négative avec les autres catégories
d’actif. Ces investissements comportent toutefois des risques comme tout
autre investissement.

Les caractéristiques propres aux infrastructures rendent ces dernières
particulièrement attrayantes aux yeux d’investisseurs institutionnels
comme les caisses de retraite qui cherchent à obtenir des rendements
prévisibles élevés. L’intérêt à
l’égard des produits appelé à croître en raison
des pressions dotés de telles caractéristiques est démographiques
qui feront augmenter à la fois le niveau d’épargne nécessaire
aux caisses de retraite et la demande d’investissements de bonne qualité
qui génèrent des revenus afin d’assumer le passif à
long terme.

Alors que le marché de l’infrastructure émerge à
peine en Europe, il est bien établi dans d’autres pays, tout particulièrement
en Australie, où l’investissement dans l’infrastructure est
maintenant considéré comme une catégorie d’investissement
distincte. Depuis plus de dix ans, le marché australien des investissements
en infrastructure a atteint un niveau de maturité qui permet à
plusieurs investisseurs institutionnels d’investir de façon ségrégué
dans cette catégorie d’actif global.

Depuis quelques années, les caisses de retraite canadiennes jouent un
rôle de plus en plus actif dans le secteur de l’infrastructure. Bien qu’il
ne soit pas facile d’obtenir des données détaillées
sur les sommes qu’elles y consacrent, on remarque que le nombre de caisses
qui examinent les infrastructures à titre d’investissement possible
ne cesse de croître.

Types d’investissement dans l’infrastructure
Il importe de faire la distinction entre l’infrastructure en phase de
développement et l’infrastructure bien établie, car elles
se comportent de façon nettement différente.

Les investissements en infrastructure en phase de développement comportent
un niveau de risque économique relativement élevé(exemple:
risques liés à la construction, incertitude relative à
la demande et à la croissance prévue et risques courus suivant
la privatisation). À mesure qu’ils prennent de la maturité
après deux à cinq années d’exploitation, les risques
économiques diminuent alors que les conditions d’exploitation et
le rendement des affaires deviennent plus prévisibles. En ce qui concerne
les projets en phase de développement et les projets réalisés
dans les marchés émergents, le rendement correspond principalement
à la croissance du capital majoré en fonction des facteurs de
risque connexes.

Les investissements en infrastructure bien établis, qui sont généralement
des infrastructures construites depuis longtemps, présentent des antécédents
de flux monétaires solides et stables ainsi qu’un profil de risque
moins élevé. Les tendances de la demande, la conjoncture réglementaire
et la dynamique du secteur sont bien comprises ou prévisibles. À
ce stade, le rendement des investissements consiste principalement en un revenu
stable accompagné d’une modeste augmentation du capital associée
à la croissance économique ou à l’inflation.

Marché mondial de l’infrastructure
L’attrait de plusieurs pays à offrir des opportunités d’investissement
est motivé par un éventail de facteurs, notamment l’ampleur
du marché, les pressions relatives à la privatisation et la maturité
du processus de privatisation de l’infrastructure. Le produit intérieur
brut(PIB)constitue un bon indicateur de l’ampleur de l’infrastructure
existante d’un pays, et les dix plus grandes économies représentent
plus de 80% des opportunités d’investissement en infrastructure
annoncées au cours des 12 derniers mois.

Outre l’ampleur du marché, le nombre d’opportunités
est également tributaire d’un vaste éventail de facteurs,
dont les suivants:

  • Pressions liées au refinancement de l’infrastructure, soit
    en raison de forts taux de croissance, comme c’est le cas en Europe
    centrale et en Europe de l’Est, soit en raison de tensions de nature
    budgétaire, comme c’est le cas en Allemagne et en Italie. Ces
    différentes pressions amènent le gouvernement et les exploitants
    d’éléments d’infrastructure à devoir refinancer
    ces actifs.
  • La maturité du processus de privatisation de l’infrastructure
    et la nécessité d’apporter des changements aux mesures
    politiques et réglementaires avant que les marchés ne soient
    prêts à recevoir du financement du secteur privé.

Il s’ensuit que, le nombre d’opportunités d’investissement
diffère de l’ampleur du marché de l’infrastructure.
L’exemple le plus frappant est celui du Portugal, qui possède un
très grand nombre d’opportunités par rapport à son
économie. D’autre part, l’Allemagne a conclu relativement
peu de nouvelles transactions en infrastructure au cours des trois dernières
années. Le Royaume-Uni est actuellement le marché européen
le plus actif au chapitre des transactions en infrastructure, et il est dominé
par des projets de financement privé. En août dernier, plus de
400 projets de partenariat entre les secteurs public et privé avaient
vu le jour, ce qui représente une valeur en capital de plus de 44 milliards
de livres sterling.

Compte tenu de la recherche continue d’actif d’investissement et
des pressions croissantes en vue de la privatisation de l’infrastructure,
il faut s’attendre à une importante croissance des investissements
dans cette catégorie d’actif au cours des prochaines années.

Établi à Londres, PETER HOBBS est Chef mondial de la recherche,
RREEF, une division du groupe Deutsche Asset Management.