Il est temps de revoir l’adéquation entre les actifs et les retraités, avec les conséquences que cela comporte en termes de placements.

Au cours des quarante dernières années, la démographie des participants aux régimes de retraite a changé de manière radicale, observe Michael Augustine, directeur général et responsable de la gestion des actifs et des passifs chez TD Gestion de placements, lors d’un webinaire organisé par le gestionnaire d’investissement.

« Il y a quarante ans, lorsque les taux d’intérêt étaient beaucoup plus élevés, la démographie des régimes de retraite était très différente, explique M.Augustine. Pour chaque membre retraité d’un régime de retraite recevant des prestations, il y avait huit membres actifs qui cotisaient. Les régimes de retraite étaient en mode d’accumulation totale; ils étaient riches en liquidités et l’accent était clairement mis sur la croissance. Puis, au cours des vingt années suivantes, quelque chose a changé. »

Démographie bouleversée

Dans les années 2000, le rapport entre les retraités et les membres actifs est passé à 3 pour 1, puis à 2 pour 1 dans les années 2010 et à 1 pour 1 dans les années 2020. Ainsi, les régimes de retraite atteignent un point d’inflexion où les prestations versées sont beaucoup plus importantes que l’investissement généré, ce qui les rend négatifs en termes de flux de trésorerie.

La situation est une véritable tempête compte-tenu des taux d’intérêt bas, d’un besoin accru de liquidités et d’une nécessité de croissance des actifs pour combler les déficits de capitalisation, fait remarquer Augustine.

L’investissement axé sur la démographie est une solution, souligne M.Augustine. « Cela commence par une analyse de la finalité ou de l’objectif d’un plan par cohorte démographique. Maintenant, pour les membres retraités, l’objectif est de générer des flux de trésorerie suffisants pour faire face aux paiements des retraités, mais de le faire à un coût raisonnable. L’horizon temporel est plus court et, par conséquent, la tolérance au risque est généralement plus faible. L’approche recommandée est la génération de flux de trésorerie sur l’horizon approprié. »

Adapter les placements

Pour les participants actifs, l’objectif est généralement de faire croître le portefeuille d’actifs à un taux qui atteint ou dépasse la croissance des passifs actuariels sous-jacents dans un niveau de risque acceptable, explique-t-il. « Maintenant, profitant de l’horizon de temps plus long et d’un budget de risque généralement plus important, l’investissement axé sur la démographie met l’accent sur un actif à versement variable qui devrait surperformer sur le long terme. »

Dans le cadre d’un investissement axé sur la démographie, il est essentiel de garantir une corrélation adéquate entre les classes d’actifs et les passifs sous-jacents, précise M.Augustine.

Se référant à une étude de cas d’un régime de retraite fermé équilibré entre les retraités et les membres actifs, il souligne que la génération de flux de trésorerie adéquats à un coût raisonnable pour les retraités inclurait des hypothèques commerciales privées, des dettes privées de qualité investissement, des obligations d’entreprises et des obligations des gouvernements provinciaux.

Considérer les infrastructures et l’immobilier

Pour les membres actifs, l’objectif est la croissance, ajoute-t-il, ce qui pourrait impliquer d’investir dans des actifs à rendement variable tout en étant conscient de la corrélation entre leurs engagements. « Les actions publiques peuvent générer des dividendes, tout en offrant un potentiel d’appréciation du capital. En même temps, elles présentent un certain degré de corrélation entre les taux d’intérêt et le crédit et les engagements sous-jacents du régime. Nous aimons aussi les infrastructures. La nature à long terme des projets dans une stratégie d’infrastructure typique peut être particulièrement adaptée aux passifs actifs à long terme. Ils offrent un potentiel d’appréciation du capital ainsi qu’un certain degré de protection contre l’inflation. »

En outre, Michael Augustine note que l’immobilier s’inscrit bien dans une stratégie d’investissement axée sur la démographie. « Du point de vue de la trésorerie, les paiements de loyers peuvent être liés aux changements de l’indice des prix à la consommation. Cela crée une bonne protection contre l’inflation. En même temps, l’augmentation de la valeur des propriétés peut fournir une appréciation du capital sur le long terme. »

Les investisseurs institutionnels peuvent également utiliser une superposition d’obligations pour libérer du capital et l’investir dans des actifs de croissance afin de maintenir un degré de corrélation avec les passifs sous-jacents, poursuit-il.

L’une des clés pour les promoteurs de régimes de retraite qui souhaitent utiliser une approche d’investissement axée sur la démographie est de « prendre le bon risque », soutient M.Augustine, notant que cela implique d’établir un juste équilibre entre les flux de trésorerie et les actifs de croissance.

« Et évidemment… la démographie est le point de départ. Cependant, d’autres facteurs tels que le statut du plan, la position de financement et les convictions du promoteur du plan en matière d’investissement, contribuent tous à déterminer et à façonner l’appétit du promoteur pour le risque et cela détermine l’adéquation ou l’équilibre. »

Ce texte a été publié initialement sur Benefits Canada.