L’intérêt des investisseurs institutionnels à mettre en œuvre des démarches d’investissement responsable est toujours croissant, mais l’intégration des critères ESG aux décisions de placement est encore très loin d’être généralisée chez les caisses de retraite.

Un sondage mené par Aon auprès de 223 investisseurs institutionnels dans le monde entier révèle que 68 % d’entre eux considèrent que l’investissement responsable est « quelque peu » important pour leur organisation. À l’heure actuelle, seuls 40 % des répondants indiquent avoir déjà élaboré une politique d’investissement responsable (IR) pour prendre des décisions de placement, et 14 % sont en cours d’élaboration de leur politique.

Les investisseurs institutionnels sondés comprennent des régimes de retraite publics et privés, mais également des fondations et des fonds de dotation. « L’IR est l’un des sujets les plus débattus parmi les investisseurs institutionnels au Canada, en particulier les fonds de dotation, les fondations et d’autres ayant une mission d’intérêt public, mais nous voyons aussi davantage d’engagement envers lui chez les importantes entreprises investisseuses », affirme Calum Mackenzie, associé, Conseils en gestion de placements chez Aon.

Selon lui, les institutions constatent de plus en plus qu’il existe un lien entre les entreprises bien gérées et de meilleurs rendements des placements. D’ailleurs, 39 % des investisseurs sondés ayant mis en œuvre une démarche d’IR au sein de leur organisation indiquent l’avoir fait parce qu’ils croyaient que l’intégration de données ESG non financières permettait de prendre de meilleures décisions de placement.

« Nous sommes passés de clients posant des questions sur l’investissement responsable à l’élaboration de politiques à grande échelle, à la mise en œuvre de projets d’investissement responsable et à un véritable changement radical dans la façon dont les investisseurs et les gestionnaires d’actifs intègrent et évaluent les données sur l’investissement responsable dans leurs stratégies de placement », soutient Meredith Jones, associée et directrice de l’Emerging Manager Research chez Aon.

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La firme concède toutefois qu’il faudra en faire davantage pour que l’adoption de ce type d’investissement à l’échelle mondiale ne devienne généralisée. Cela comprend, clarifier les définitions, donner accès à des données et à des mesures précises, gérer les préoccupations au sujet du rendement et des pressions réglementaires.

Le Canada en retard sur l’Europe

Le sondage d’Aon révèle qu’il existe un clivage géographique en ce qui concerne les attitudes à l’égard de l’IR. Avec une activité sensiblement plus importante au Royaume-Uni et dans l’Union européenne qu’aux États-Unis. Le Canada, quant à lui, se situe entre les deux : il est moins engagé dans l’IR que le Royaume-Uni et l’UE, mais beaucoup plus actif que les États-Unis.

Par exemple, 80 % des investisseurs du Royaume-Uni affirment que les changements climatiques sont la principale préoccupation relativement à l’IR, suivi de 76 % de ceux de l’UE et de 67 % des investisseurs canadiens. Aux États-Unis, les changements climatiques se classent au deuxième rang des préoccupations en matière d’investissement, seuls 48 % des répondants l’ont cité, après les préoccupations suscitées par le nationalisme économique (56 %).

Par ailleurs, aucun investisseur américain n’a déclaré qu’il abandonnerait un gestionnaire de fonds n’ayant pas de politique d’IR, alors que 5 % des répondants canadiens et 11 % des investisseurs britanniques ont dit qu’ils le feraient.

Les investisseurs en Europe sont les plus susceptibles d’être des actionnaires mobilisés (35 %), tandis que ceux des États-Unis sont les moins susceptibles de l’être (15 %). Au Royaume-Uni, 20 % des investisseurs utilisent la mobilisation des actionnaires pour exprimer leur politique d’IR, tandis que près de 18 % des investisseurs canadiens font de même.

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