Malgré la pénurie de main-d’œuvre qui sévit actuellement au Canada, les salaires des travailleurs ne semblent pas suivre la loi de l’offre et de la demande. Une étude de l’Institut économique de Montréal (IEDM) avance quelques hypothèses pour expliquer une telle conjoncture.

« Lorsqu’on manque de patates, leur prix augmente. Mais ce n’est pas ce qu’on observe actuellement au Canada. Les salaires tardent à suivre le rythme et leur augmentation est à peine supérieure à l’inflation », constate Mathieu Bédard, économiste à l’IEDM et auteur de l’étude.

En 2018, les taux horaires ont crû en moyenne de 2,9 % au Canada, une augmentation que l’institut de recherche qualifie de « décevante », alors que l’inflation a été de 2,3 %.

Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette situation, mais les barrières au commerce interprovincial et le fardeau fiscal minent tous deux la productivité des travailleurs, ce qui a pour effet de limiter les hausses de salaire, note l’étude.

« Les échanges commerciaux plus difficiles nuisent à la division du travail et rendent notre économie moins performante », explique M. Bédard. « De plus, le fardeau fiscal pèse quant à lui sur les investissements en freinant l’accumulation de richesse et le capital à investir, autant par les particuliers que par les entreprises. »

Les provinces où la pénurie de main-d’œuvre est la pire et où les salaires tardent le plus à réagir sont aussi des provinces où ce fardeau est important. « Ce n’est pas surprenant. Les investissements permettent aux travailleurs d’être plus productifs en produisant plus de biens et de services plus rapidement, ce qui permet aux entreprises de payer des salaires plus élevés », ajoute Mathieu Bédard.
L’IEDM croit que des barrières réglementaires et des taxes et impôts trop élevés « empêchent les travailleurs canadiens de gagner autant qu’ils le devraient ».