Les comités de placement des caisses de retraite s’intéressent
de plus en plus aux investissements en infrastructures. Nous avons rencontré
Ghislain Gauthier, vice-président principal, Investissements, infrastructures
et énergie à la Caisse de dépôt et placement du Québec,
pour qu’il nous parle de ce type de placement très en vogue.
De quoi parle-t-on exactement lorsqu’on
parle d’investissements en infrastructure?
G.G. LES PRODUITS D’INFRASTRUCTURE sont des actifs qui
répondent à des besoins fondamentaux. Il s’agit de produits
reliés à l’énergie – qui comprennent la production
et la distribution de gaz et d’électricité -, de produits
reliés au transport, – notamment la construction d’autoroutes,
de ponts, d’aéroports et de réseaux ferroviaires urbains
– et de produits reliés aux services à la collectivité
comme la distribution d’eau. Il existe aussi des produits d’infrastructure
qui sont reliés à la construction de services publics comme les
hôpitaux, les écoles et les prisons. La Caisse s’intéresse
moins à cette catégorie d’infrastructures pour le moment
toutefois.
Depuis quand la Caisse s’intéresse-t-elle
aux produits d’infrastructure?
G.G. NOUS NOUS INTÉRESSONS AUX PRODUITS d’infrastructure
depuis 1994, mais notre premier placement d’importance dans cette catégorie
d’actif s’est effectué en 1999, en investissant 375 millions
$ pour la construction de l’autoroute 407 dans la région de Toronto.
Cet investissement a d’ailleurs rapporté un profit important à
sa vente.
Nous avons ensuite investi dans divers projets de construction de pipelines
et de centrales électriques. Depuis deux ans, nous nous sommes lancés
de façon plus structurée dans cette catégorie d’investissement.
Aujourd’hui, notre portefeuille en infrastructure est évalué
à 1,5 milliard $.
Quels avantages procurent les produits d’infrastructure?
G.G. LES PRODUITS D’INFRASTRUCTURE SONT DES ACTIFS dont
l’horizon est à long terme. Il s’agit d’investissements
dont le niveau de risque est faible et plus facilement mesurable. Ils constituent
une avenue intéressante pour les caisses de retraite puisqu’ils
viennent équilibrer la répartition d’un portefeuille. Ils
sont souvent corrélés avec l’inflation. Ils assurent normalement
une croissance dans le temps. La sélection des actifs demeure toutefois
un exercice minutieux.
Comment évaluer le niveau de risque
de tels investissements?
G.G. LE NIVEAU DE RISQUE DE CES PRODUITS dépend de l’infrastructure.
Différents facteurs peuvent influencer le niveau de risque, comme la
réglementation, les décisions politiques, le budget et les échéanciers
de construction, la consommation ou l’affluence de l’infrastructure,
selon le cas, ainsi que sa capacité de refinancement. Puisque les produits
d’infrastructures représentent d’importants leviers de financement,
les taux d’intérêt peuvent aussi s’avérer un
élément déterminant dans leur sélection.
Quels sont les critères d’investissement
pour la Caisse?
G.G. Les projets dans lesquelles nous investissons doivent
répondre à certains critères. Il n’est pas question
de spéculer sur la réussite d’un projet. Les investissements
en infrastructure doivent nous assurer une certaine sécurité du
capital.
Outre le rendement espéré, nous tenons absolument à nous
unir à des partenaires locaux stratégiques, qu’ils soient
industriels et financiers, pour nous accompagner dans les projets. Pour que
le projet soit une réussite, chacun des partenaires doit accomplir son
rôle.
Est-ce que la Caisse détient des placements
en infrastructure à travers le monde?
G.G. NOUS CONCENTRONS SURTOUT NOS PLACEMENTS EN AMÉRIQUE
DU NORD ainsi que dans les pays de la nouvelle Union européenne. Il n’est
pas question d’investir ailleurs pour le moment.
Est-ce qu’une firme d’ingénierie
québécoise doit être impliqué dans le projet pour
que la Caisse y investisse?
G.G. NON. Il est souvent arrivé que des partenaires
québécois soient impliqués dans les projets, mais ce n’est
pas un critère de base. Le projet doit répondre à nos critères,
peu importe qu’il implique un partenaire québécois ou non.
La Caisse continuera-t-elle d’investir
activement dans ce type de placement?
G.G. NOTRE OBJECTIF EST ASSURÉMENT D’AUGMENTER
NOS INVESTISSEMENTS dans ce secteur d’activité au cours des prochaines
années. Grâce à notre réseau mondial, nous pouvons
effectuer des investissements majeurs en infrastructure. Nous achetons alors
des actifs pour éventuellement les revendre par petites tranches à
des caisses de retraite. Ces produits deviennent donc accessibles aux caisses
de retraite d’une certaine taille via notre implication, ce qui rend nos
placements dans ce type de produit très intéressants pour elles.