Les marchés émergents(ME)représentent aujourd’hui 39% du PIB mondial comparativement aux marchés développés qui en représentent 55%. En termes de PIB, la Chine et l’Inde occupent respectivement le 1 er et le 2 ème rang au sein des marchés émergents(avec les meilleures croissances réelles)et le 2 ème et 4 ème rang dans le monde.
L’importance des ME par rapport à la capitalisation boursière totale mondiale est en forte croissance depuis la dernière crise financière et représente aujourd’hui 12%.
Les trois plus grands ME, en termes de la capitalisation boursière investissable(voir table 1), sont la Corée du Sud, Taiwan, et l’Afrique du sud. En réalisant le meilleur taux de croissance parmi les ME durant les dix dernières années(38%), la chine occupe la cinquième place avec une capitalisation boursière investissable de l’ordre de 128 000 millions de dollars américains.
En termes du nombre de titres investissables inscrits en bourse, les ME représentent 32% comparativement aux marchés développés qui en représentent 68%. Les marchés qui représentent le plus grand nombre de titres investissables(voir table 2)sont principalement les marchés asiatiques(Taiwan, la Chine, la Malaisie, la Corée du Sud et l’Inde). Toutefois, les marchés les plus petits sont situés principalement en Europe de l’est(la République Tchèque et la Hongrie)et en Amérique latine(Pérou, Colombie et Venezuela).
En termes de performance boursière(voir table 3), les marchés émergents ont réalisé des rendements de l’ordre de 19% durant les cinq dernières années et 35% l’an dernier, ce qui leur permet de surpasser les marchés développés(marchés de la zone EAEO). Parmi les meilleurs rendements observés pendant les cinq dernières années, on note ceux de la Colombie, l’Égypte, la République tchèque, la Jordanie et la Russie, qui varient de 42% à 71%. Les rendements les plus faibles parmi les marchés émergents demeurent plus élevés que ceux de certains marchés développés.
On peut s’exposer aux ME via deux moyens:
Titres investissables qui, légalement, peuvent être détenus par les investisseurs institutionnels étrangers et qui répondent à des critères de taille et de liquidité minimum
ADR(American Depositary Receipts)qui sont des certificats émis par des banques de dépôt américaines, représentant des titres étrangers. Il s’agit d’instruments utilisés par les compagnies non américaines pour offrir et négocier leurs actions convenablement sur les marchés boursiers américains. La décision d’émettre des ADR est un moyen de contourner les inefficiences institutionnelles du pays.
En présence des ces deux moyens, les investisseurs institutionnels préfèrent acquérir un ADR plutôt que le titre sous-jacent lorsque :
- Le marché émergent offre une faible protection des intérêts des investisseurs minoritaires
- La taille du marché émergent est faible par rapport à la taille de l’économie(ratio capitalisation boursière par rapport au PIB faible)
- Le marché présente une faible liquidité et des coûts de transaction élevés
- Le titre est de petite taille et faiblement suivi par les analystes financiers(faible transparence financière)
Des études récente montrent que laproportion des ADR par rapport à la capitalisation boursière du marché local est un déterminant important pour l’allocation du pays dans le portefeuille des investisseurs américains. Les pays qui présentent le plus fort pourcentage d’ADR par rapport à la capitalisation boursière du marché local sont le Brésil, l’Argentine, le Mexique, la Chine et la Corée du Sud.
Pourquoi s’intéresse-t-on de plus en plus à ces marchés?
L’intérêt manifesté par les investisseurs étrangers envers les marchés émergents est en partie expliqué par l’amélioration du climat d’investissement qui règne dans ces pays. Ce dernier regroupe plusieurs facteurs dont l’environnement légal, l’environnement politique, la transparence financière et les politiques de participation étrangère.
- Environnement légal
Un cadre légal adéquat, qui protège les intérêts des investisseurs étrangers ainsi que ceux des actionnaires et créanciers locaux dans un pays est un facteur important pour la croissance d’un marché boursier. Il est important de souligner que le cadre légal dans un pays est décrit non seulement par(1)les règles légales en vigueur mais notamment par(2)la qualité de leur application.
D’après une mesure, construite par Wilshire Associates, il est clair que les marchés émergents ne présentent pas le même le degré de protection des investisseurs. Durant les trois dernières années, plusieurs marchés ont connu une amélioration de l’environnement légal(le Chili, l’Indonésie, la Pologne et la République Tchèque)et certains ont observé une détérioration tels que l’Afrique du Sud, l’Argentine, le Brésil et la Jordanie(voir table 4).
La corruption, qui se définit comme étant l’abus de pouvoir reçu en délégation à des fins privées, est une bonne mesure pour refléter le respect des règles légales et l’efficience du système judiciaires dans un pays. La corruption est connue pour engendrer des mauvais choix et encourager la compétition au niveau des pratiques de corruption plutôt qu’une saine concurrence en termes de qualité et de coût. Elle gonfle artificiellement les prix des biens et des services pour une qualité moindre et ralentit le développement économique et social d’un pays.
D’après l’indice de perception de la corruption, mesure développée par Transparency International , les ME qui souffrent le plus de corruption sont : l’Indonésie, le Pakistan, le Venezuela, l’Argentine, les Philippines, l’Inde et la Russie. Alors que les pays les moins corrompus sont le Chili et Israël. Certains ME tels que l’Argentine, la Turquie et le Venezuela ont observé sur la période 2000-2004 une augmentation de la corruption tandis que d’autres, tels que la Jordanie et Taiwan, même s’ils demeurent encore fortement corrompus, ont connu une légère amélioration.
- La transparence financière
La transparence financière reflète la capacité des investisseurs à obtenir de l’information fidèle, précise et pertinente sur les compagnies dans lesquelles ils investissent. La transparence financière tient compte de plusieurs dimensions telles que la liberté de la presse, la transparence des politiques monétaires et fiscales implantées par le gouvernement, les exigences d’inscription fixées par le marché boursier(ex. : fréquence de divulgation des états financiers, audit indépendant, etc.)et enfin les standards comptables employés(US GAAP ou IAS versus autres). Selon une mesure, construite par Wilshire Associates, on constate que les pays qui demeurent les moins transparents sont la Chine, l’Égypte, le Maroc et le Pakistan. Plusieurs marchés, tels que l’Inde, la Malaisie et la Pologne, ont observé une nette amélioration de la transparence financière durant la période 2003-2005. Cette évolution est en grande partie une réaction aux crises qui ont secoué les ME et traduit également la volonté de la communauté internationale de faire tout ce qui est possible pour prévenir d’autres crises. Par ailleurs, un grand nombre de pays présentent un score très élevé(ex. l’Afrique du Sud, le Brésil, la Hongrie, la Corée du Sud, et Taiwan), ce qui les rend encore plus attrayants.
- La stabilité politique
Le risque pays, tel que mesuré par International Country Guide(ICRG), est composé de trois différentes formes de risque:
– Risque politique(50 %)qui reflète: la stabilité du gouvernement, les conditions socio-économiques, la présence de l’armée en politique, les tensions ethniques et religieuses, les conflits internes et externes, et le développement des partis politiques
– Risque financier(25 %)qui reflète: la dette externe en % du PIB, le solde de la balance courante en % des exportations, la stabilité du taux de change, le ratio de liquidité internationale
– Risque économique(25 %)qui reflète: le PIB par habitant, la croissance du PIB, l’inflation, le solde de la balance courante en % du PIB.
Plusieurs marchés émergents, tels que le Pakistan, l’Indonésie et la Colombie, demeurent très risqués même s’ils ont connu une amélioration durant les cinq dernières années. Il est également intéressant de constater que d’autres marchés, tels que Taiwan, Corée du Sud, et le Chili, présentent un risque pays qui est assez faible(plus faible que celui des États-Unis).
Par ailleurs, plusieurs marchés ont réussi à réduire leur risque pays. Les cas les plus marquants depuis l’an 2000 sont la Russie, la Turquie, l’Inde et l’Indonésie.
- Le degré d’ouverture des marchés de capitaux
Pour les pays en développement qui se trouvent confrontés à un besoin accru de capitaux et à des ressources d’épargne limitées, la décision d’ouvrir leurs marchés des capitaux aux étrangers est cruciale afin de garantir une croissance plus rapide et une amélioration du niveau de vie. Le degré d’ouverture des marchés de capitaux est un facteur important à observer pour deux raisons. Premièrement, les marchés survivent à condition d’avoir la capacité d’attirer et de retenir des sources de capital à long terme. Deuxièmement, il s’agit d’un baromètre de l’engagement du gouvernement envers les politiques de libéralisation. Dans la table 6, on classe les pays selon une mesure du degré d’ouverture des marchés de capitaux construite par Wilshire Associates. Cette mesure tient compte des restrictions imposées aux investisseurs étrangers à différents niveaux. Le marché boursier, les politiques commerciales, l’investissement direct étranger, les banques et finances. Un grand nombre de pays ont réduit ou quasiment éliminé les restrictions à l’investissement imposées aux étrangers. Toutefois, d’autres marchés tels que ceux de la Chine, la Malaisie et l’Inde demeurent encore parmi les plus fermés aux investisseurs étrangers. Contrairement à ce que l’on s’attend, certains pays tels que l’Argentine, le Brésil, la Colombie, la Thaïlande et Venezuela ont récemment augmenté les restrictions imposées aux investisseurs étrangers.
Les ME sont loin d’être un groupe homogène et qu’ils présentent des caractéristiques différentes. Les efforts de libéralisation, les programmes de privatisation, ainsi que les projets de restructuration dans ces pays promettent un environnement d’investissement plus favorable.
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1PIB en parité de pouvoir d’achat