Les six plus hauts dirigeants de la Caisse de dépôt et placement du Québec ont vu leur rémunération globale s’établir à près de 15,7 millions de dollars en 2018, année où la moitié d’entre-eux étaient établis à l’étranger.

Ces informations figurent dans le plus récent rapport annuel du bas de laine des Québécois, qui a été déposé mardi après-midi à l’Assemblée nationale.

Le montant global de l’an dernier a été converti en dollars canadiens par La Presse canadienne puisque le chef des placements privés Stéphane Etroy (Londres), Anita George (New Delhi) et Emmanuel Jaclot (Londres) ont été rémunérés en devises étrangères.

En 2017, les émoluments des patrons de la Caisse avaient totalisé environ 10 M$, mais ceux-ci avaient tous été payés en dollars canadiens et l’équipe était différente par rapport à celle de 2018.

Même s’il a été en poste pendant huit mois avant d’effectuer un retour dans l’arène politique avec la Coalition avenir Québec, l’ex-président pour le Québec Christian Dubé ne figure pas dans le tableau de la rémunération puisqu’il n’occupait plus cette fonction au 31 décembre, a-t-on expliqué.

Au terme d’une année marquée par de l’incertitude et des reculs boursiers, le rendement de la Caisse a été de 4,2 %, supérieur à son indice de référence fixé à 2,4 %. Cette performance a toutefois été la plus faible depuis 2011, lorsque le rendement avait été de 4 %.

Cela n’a toutefois pas empêché les hauts dirigeants de l’institution de voir leur prime annuelle croître par rapport à 2017.

« La stratégie de la Caisse ne vise pas à frapper un coup de circuit à chaque année, a expliqué son porte-parole, Maxime Chagnon. L’objectif est aussi d’avoir un portefeuille résilient. C’est aussi cela l’approche. »

Sur un horizon de cinq ans, le rendement du gestionnaire de régimes de retraite s’établit à 8,4 %, soit 1,3 point de pourcentage de plus que l’indice de référence.

Dans son rapport, la Caisse cite d’ailleurs une opinion de la firme de consultants Hugessen Consulting qui a été présentée à son conseil d’administration et qui porte sur la performance sur cinq années pour justifier la rémunération incitative annuelle.

« Nous pouvons confirmer, entre autres, que les calculs de la valeur ajoutée, les multiples de rendement 2018, les multiples de rendement moyen 2014-2018 et les multiples de prime 2018 sont conformes au programme de rémunération incitative de la Caisse », peut-on lire.

Sabia et les autres

Le président et chef de la direction de la Caisse, Michael Sabia, a vu sa rémunération globale s’établir à 3,87 M$, en hausse de 11,5 % comparativement à 2017. Son salaire de base est demeuré identique, à 500 000 $.

Il a également touché une prime annuelle de 1,32 M$ et a choisi de placer 1,98 M$ en co-investissement, une somme qui pourra gonfler ou diminuer en fonction du rendement de la Caisse.

Selon le rapport annuel de l’institution, la rémunération globale de M. Sabia est d’environ 35 % inférieure à celle d’un président et chef de la direction du marché de référence.

Au total, les primes octroyées aux 1178 employés de la Caisse ont totalisé 143,5 M$, en hausse de 18 pour cent. Dans les filiales internationales, qui comptent 133 employés, le montant a bondi de 71 %, à 36,7 M$.

Par ailleurs, la somme des charges d’exploitation et les frais de gestion externe ont grimpé de 9,3 % l’an dernier, atteignant 680 M$, alors que la Caisse est de plus en plus présente à l’étranger.

L’institution a toutefois relativisé cette hausse en soulignant qu’après quatre années de croissance, les charges d’exploitation et les frais de gestion externe sont demeurés stables en 2018, à 22 cents par 100 $ d’actif.

« Environ 90 % de l’actif de la Caisse est géré à l’interne, ce qui permet des économies en moyenne cinq fois supérieures à ce qu’il en coûterait de confier cela à l’externe », a indiqué M. Chagnon.

Celui-ci a indiqué que le ratio des charges était demeuré stable alors que l’actif net de la Caisse avait grimpé d’environ 3,7 %, pour atteindre 309,5 G$, à la fin de 2018.

_ _ _

Rémunération globale des six principaux dirigeants de la CDPQ:

  • Michael Sabia, président et chef de la direction: 3,87 M$.
  • Macky Tall, chef des marchés liquides et dirigeant de CDPQ Infra: 2,54 M$.
  • Stéphane Etroy, premier vice-président et chef des placements privés: 3,75 M$.
  • Emmanuel Jaclot, premier-vice président, infrastructures: 2,08 M$.
  • Anita M. George, première vice-présidente, partenariats stratégiques, marchés en croissance: 1,89 M$.
  • Claude Bergeron, chef de la direction des risques et relations avec les déposants: 1,61 M$.