À chaque année ses incertitudes et ses espoirs, et 2017 ne fera pas exception. Après une année 2016 fertile en rebondissements, du Brexit à l’élection de Donald Trump, d’aucuns se demandent ce que peut bien nous réserver l’année qui vient. Desjardins tente d’y voir clair et présente ses perspectives dans une récente note économique.

Au Québec d’abord. Desjardins souligne que les conditions économiques se sont améliorées récemment et que même les données sur le marché du travail prennent du mieux (+71 900 postes depuis juillet). Les prévisions de croissance pour 2016 ont été relevées de 1,3 % à 1,6 %, mais l’institution financière demeure très prudente. La progression anémique des investissements des entreprises et plusieurs autres embûches pourraient nuire à l’économie québécoise.

Desjardins craint que le marché de l’emploi ne réserve de mauvaises surprises en raison de sa grande volatilité, qui le rend difficile à cerner. Le Québec pourrait aussi être fortement touché si les relations commerciales avec les États-Unis se compliquent. La croissance attendue en 2017 ne devrait pas dépasser de beaucoup celle de cette année.

L’embellie du marché du travail rend les ménages plus confiants (lire : plus dépensiers). Après neuf mois, la croissance des ventes au détail s’élevait à 4,0 %, un sommet depuis 2010. Les finances publiques se portent mieux elles aussi. Les six premiers mois présentent une hausse des revenus autonomes du gouvernement de 2,1 %, alors que la mise à jour automnale prévoyait 1,4 %. L’exercice pourrait se terminer avec un surplus budgétaire.

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Ailleurs au Canada, certaines provinces comme l’Ontario ou la Colombie-Britannique seront passablement affectées par le ralentissement du marché de l’habitation. À l’inverse, l’Alberta, la Saskatchewan et Terre-Neuve-et-Labrador bénéficieront de la stabilisation de l’énergie. Les disparités régionales de croissance devraient donc s’atténuer au cours des deux prochaines années.

Le Canada en général profitera de la remontée des cours du pétrole et des effets positifs du plan de relance du gouvernement fédéral, ouvrant la voie à une croissance un peu plus forte en 2017 et 2018. Cependant, les incertitudes quant aux relations commerciales avec les États-Unis, notamment la remise en question de l’ALÉNA et le ralentissement attendu du marché de l’habitation pourraient réduire les perspectives de croissance.

Notre monnaie, qui s’est montrée assez robuste par rapport à la devise américaine depuis que les cours pétroliers ont repris de la vigueur, pourrait chanceler quelque peu en 2017, prévient Desjardins. Selon ses analystes, la force du huard tient en partie au fait que les investisseurs sont de plus en plus nombreux à croire que le Banque du Canada imitera rapidement la Réserve fédérale américaine en relevant son taux directeur. Desjardins juge ces espoirs prématurés et voit plutôt la banque attendre à l’automne 2018 avant de bouger, ce qui pourrait faire baisser la valeur du dollar canadien.

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Si on tourne le regard vers l’extérieur du pays, on ne peinera aucunement à trouver des causes d’incertitudes. Chez notre voisin du Sud, d’abord. Il n’est pas clair quelles promesses de Donald Trump se transformeront effectivement en politiques, ni quels effets elles auront. Clairement, les investisseurs voient l’avenir en rose, eux dont l’accueil favorable à l’élection du candidat républicain « s’est transformé en une véritable vague d’optimisme au cours des dernières semaines », écrit Desjardins.

Prudente, la coopérative québécoise souligne que les politiques qui devraient être mises en place par la nouvelle administration devraient, dans un premier temps, donner de l’oxygène à l’économie, même si la hausse des taux et du dollar américain devraient en limiter la portée. Toutefois, l’introduction de politiques moins favorables à l’économie, notamment l’augmentation du protectionnisme, pourrait bien étouffer la croissance à moyen terme et freiner la progression du PIB réel en 2018.

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Parmi les autres risques mentionnés par Desjardins, on retrouve notamment la situation politique en Europe, déstabilisée par le Brexit. Des tensions géopolitiques entre les États-Unis et la Russie, mais surtout entre les États-Unis et la Chine, pourraient avoir des répercussions négatives.

Donald Trump n’est même pas en poste que les Chinois s’inquiètent déjà grandement. La volonté affichée par le président désigné d’imposer des tarifs douaniers élevés aux produits chinois, sa récente conversation avec la présidente de Taïwan (un geste défiant le fragile équilibre diplomatique entre les deux pays), et la saisie vendredi par les Chinois d’une sonde sous-marine américaine en mer de Chine (dans les eaux internationales) montrent que 2017 pourrait être mouvementée entre ces deux rivaux.

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