Réviser en profondeur son cadre de rémunération est un exercice délicat qui, s’il est mal mené, risque de générer de l’incompréhension, voire de la frustration chez les employés. Investissements PSP en sait quelque chose.

Il y a quelques années, l’arrivée d’un nouveau président et l’internationalisation des activités d’Investissements PSP ont rendu plus que nécessaire un examen des normes de rémunération en place. Le processus, qui s’est échelonné sur deux ans, a été divisé en deux étapes… et n’a pas été de tout repos.

La première année, c’est la rémunération variable qui a fait l’objet de modifications. « L’objectif était de nous donner un cadre pour recruter les meilleurs talents et s’aligner avec les normes et les meilleures pratiques de notre industrie », a expliqué Julie Prévéreault, première directrice, Rémunération globale à Investissements PSP.

La révision visait aussi à mieux harmoniser la rémunération variable des spécialistes de l’investissement avec les rendements obtenus sur les placements. Investissements PSP souhaitait entre autres dissuader les gestionnaires de portefeuille à prendre trop de risque à court terme en vue d’obtenir des primes plus généreuses, a-t-elle spécifié lors de la conférence Rémunération globale organisée par Les Affaires mercredi dernier.

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Discussions de corridors

En raison de nombreuses lacunes dans leur communication, les nouvelles règles ont cependant été mal accueillies par les quelque 800 employés de la société d’État, raconte Julie Prévéreault. « Les gens avaient beaucoup de questions, et les discussions de corridor se multipliaient. On a dû organiser des rencontres individuelles et produire des documents personnalisés pour bien expliquer le nouveau cadre de rémunération variable. »

Chez les employés, la perception était que la rémunération avait été réduite, alors que l’objectif d’Investissements PSP était plutôt de la maintenir au même niveau. Seulement, les primes maximales ne pouvaient plus être obtenues de la même façon qu’auparavant.

« Peu de gens avaient été consultés dans l’élaboration du nouveau cadre. C’est essentiellement le président, le conseil d’administration et les ressources humaines qui ont mené l’exercice. Les gestionnaires, et même les membres de la haute direction, ont été peu impliqués », explique Mme Prévéreault.

Voilà une erreur que la société de gestion d’actif n’a pas voulu répéter l’année suivante, lors de la deuxième phase du projet, qui visait la refonte complète des structures salariales au Canada, et la création de celles à Londres et New York, où Investissements PSP venaient d’ouvrir des bureaux.

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Les employés veulent de la transparence

Cette fois, les objectifs de l’exercice ont été clairement communiqués aux employés. On a aussi insisté sur le fait que la rémunération ne serait pas réduite. « Le président a pris l’engagement de bien expliquer les changements, et les membres de la direction ont fait la même chose au sein de leurs équipes respectives », souligne Julie Prévéreault.

Le processus de balisage, qui a permis à Investissements PSP de se comparer avec d’autres grandes caisses de retraite, a aussi été effectué de manière beaucoup plus transparente. Une initiative d’ailleurs fort appréciée des employés. La révision des structures salariales a aussi été l’occasion de développer des outils de différenciation individuelle, c’est-à-dire mieux cibler les talents de première ligne et les employés les plus performants de façon à ajuster leur rémunération en conséquence.

Des relevés transparents détaillants tous les éléments de la rémunération variable ont en outre été produits pour chaque employé. « On a réalisé que la communication personnalisée était essentielle pour notre groupe d’employés. Dans notre cas, les séances de groupe n’ont pas vraiment fonctionné », indique Mme Prévéreault.

Ces efforts de transparence et de communication ont porté fruit. La perception des employés s’est grandement améliorée lors de la présentation de la deuxième phase de la révision du cadre de rémunération. Comme quoi tout le monde apprend de ses erreurs.

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