Les investisseurs institutionnels partout dans le monde démontrent un intérêt de plus en plus marqué pour les titres de créance alternatifs… mais prévoient du même coup accroître leur répartition en obligations traditionnelles, après leur avoir quelque peu tourné le dos au cours des dernières années.

Selon l’étude Global Fixed Income Study d’Invesco, l’appétit des investisseurs est grand pour les titres de créance alternatifs, tels que les prêts bancaires et les titres de créances immobilières.

En moyenne, les 79 investisseurs institutionnels interrogés, dont des caisses de retraite, des assureurs et des fonds souverains, consacrent 19 % de leurs portefeuilles de titres à revenu fixe aux stratégies de crédit alternatives, la pondération atteignant même 26 % en Amérique du Nord.

Les investisseurs les plus importants (dont l’actif sous gestion dépasse 15 milliards de dollars américains) consacrent généralement une part plus importante de leurs actifs aux titres de créance alternatifs par rapport aux plus petits investisseurs, qui ne sont pas en mesure d’exploiter ces stratégies dans la même mesure.

« La gamme des sous-catégories d’actif au sein des placements à revenu fixe a considérablement augmenté au cours des dernières décennies, et englobe désormais un vaste éventail de placements variés dont les prêts bancaires et l’immobilier », explique Rob Waldner, stratège en chef macroéconomique à Invesco.

Se libérer des contraintes habituelles

La firme soutient que les titres de créance alternatifs permettent aux investisseurs de diversifier leurs portefeuilles de revenu fixe en dehors des facteurs influant habituellement sur le rendement, tels que les taux et les durées. Le recours à ces titres permet non seulement de se libérer des contraintes des indices de référence traditionnels, mais aussi de générer du rendement grâce à d’autres facteurs, comme la faible liquidité.

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« Bien que les actifs à revenu fixe de base traditionnels continuent de jouer un rôle fondamental dans de nombreux portefeuilles à revenu fixe, les titres de créance alternatifs devraient gagner en popularité dans les portefeuilles à revenu fixe des investisseurs institutionnels », ajoute M. Waldner.

Les titres de créance des marchés émergents restent un segment privilégié. Bien que les institutions sondées y consacrent en moyenne 3 % de leurs actifs à l’heure actuelle, 29 % d’entre elles prévoient accroître cette pondération au cours des trois prochaines années.

Les investisseurs institutionnels interrogés ne sont en revanche pas prêt à laisser tomber le marché obligataire traditionnel, bien au contraire. Alors que depuis trois ans, ceux-ci avaient tendance à réduire la part de leurs placements dans les portefeuilles à revenu fixe de base, la majorité d’entre eux (63 %) prévoient aujourd’hui se tourner à nouveau vers ce type de titres au cours des trois prochaines années, au détriment surtout des portefeuilles d’actions.

Car si les titres de créance alternatifs sont séduisants, leurs cours plus élevés laissent un choix d’occasions limité pour les investisseurs.

L’inflation? Quelle inflation?

L’étude d’Invesco observe par ailleurs que la majorité des investisseurs en titres à revenu fixe sondés croient que l’économie mondiale est sur la voie du redressement, mais n’adoptent pas pour autant « le processus de normalisation habituel qui suit généralement un ralentissement économique ».

Selon l’étude, les investisseurs nord-américains ne craignent plus une recrudescence de l’inflation en raison de l’assouplissement quantitatif. La majorité d’entre eux s’attendent plutôt à une croissance modérée et à un risque d’inflation faible.

« Le danger pour les investisseurs est qu’ils sous-estiment le risque d’inflation dans une économie mondiale vigoureuse », commente Rob Waldner.

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