Les bureaux d’Avantages se trouvent dans un immeuble dont le propriétaire est l’une des plus grandes caisses de retraite au pays. De mon poste de travail, je peux voir d’autres tours appartenant à différents régimes. Il m’est même possible d’observer le nouveau pont ­Champlain émerger du fleuve ­Saint-Laurent et sur lequel, si tout avance comme prévu, la ­Caisse de dépôt et placement fera passer son réseau électrique métropolitain (REM).

L’objectif ici n’est pas de faire des jaloux quant à l’emplacement de notre lieu de travail, mais de souligner une partie du rôle des régimes de retraite à prestations déterminées dans la construction du paysage montréalais, tout comme celle d’autres villes du pays et d’ailleurs.

Alors que les caisses de retraite retrouvent des taux de solvabilité d’avant la crise de 2008, on voit que l’appétit pour ces placements « alternatifs » se maintient, sinon prend encore de l’ampleur.

Il existe en effet une belle corrélation entre ce genre de projets et la réalité des caisses de retraite. Comme investisseur à long terme, un régime ­PD est en mesure de participer à des processus de développement qui ne se concrétisent pas du jour au lendemain. Et les rendements stables et relativement prévisibles de ces catégories d’actif sur plusieurs années constituent une grande partie de leur attrait. En quelque sorte, cela permet aussi de contrer l’argument selon lequel on s’intéresse trop aux rendements à court terme.

En matière d’infrastructures, ­Macky ­Tall, président et chef de la direction de ­CDPQ ­Infra, la filiale de la ­Caisse chargée du projet du ­REM, a expliqué le mois dernier au ­Cercle canadien de ­Montréal que les projets les plus porteurs sont ceux avec un « effet multiplicateur ». Le transport collectif s’inscrit dans cet ordre d’idées, car son incidence va ­au-delà du simple investissement : on y voit des effets sur l’économie locale ainsi que l’environnement.

Toutefois, si le financement de ces projets stimule l’intérêt des régimes de retraite, leur réalisation représente toutefois un défi plus grand. Lors de l’événement susmentionné, ­le président d’Axium Infrastructure, Pierre Anctil, a souligné que l’exécution des projets pouvait s’avérer « plus complexe », qu’il fallait se demander si les capitaux se rendent là où sont les réels besoins et si les promoteurs de projets, souvent les municipalités, possèdent les ressources nécessaires. La nouvelle ­Banque de l’infrastructure du ­Canada est conçue afin de combler ces besoins, mais on peut aussi penser qu’il existe une occasion pour certaines caisses de retraite de s’impliquer davantage dans les infrastructures.

Ce ne sont évidemment pas tous les régimes qui ont les capacités de gestion de projet d’une ­Caisse de dépôt et placement ou d’une ­Teachers. D’ailleurs, selon un récent rapport d’Invesco, certains fonds souverains tournent le dos aux infrastructures pour se concentrer davantage sur l’immobilier qui, à l’heure actuelle, offrirait plus d’occasions d’investissement. Mais il existe des outils de placement et des fonds dans ces deux catégories qui les rendent accessibles à des régimes de toutes tailles.

Alors que les visiteurs de la métropole québécoise se rendent rapidement compte des investissements en cours – grâce aux cônes orange et aux tours qui poussent un peu partout au ­centre-ville –, il semble utile pour tous les promoteurs de régimes de retraite de se demander s’ils sont en mesure d’en tirer profit dans le cadre de leur stratégie de placement. Pour ainsi contribuer à l’avenir des sociétés et, ce qui demeure l’essentiel, à l’­épargne-retraite des participants.

Simeon ­Goldstein
Rédacteur en chef
simeon.goldstein@tc.tc