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Après une fin d’année 2018 difficile, les premiers mois de l’année ont offert un peu de répit aux régimes de retraite.

Près de la moitié des régimes à prestations déterminées (PD) au pays étaient pleinement capitalisés à la fin du premier trimestre de 2019, selon les données de Mercer. Tous les indices boursiers ont par ailleurs généré des rendements positifs pendant les trois premiers mois de l’année, notamment le S&P/TSX.

Mais toute bonne chose a une fin et les conversations économiques s’articulent de plus en plus autour d’une éventuelle récession. Quelques pages plus loin, vous pourrez lire notre analyse sur les effets de cette fin de cycle sur la gestion des porte-feuilles obligataires des régimes de retraite.

Ceux-ci ont été particulièrement frappés par la grande crise de 2008, avec les conséquences que l’on connaît. La question se pose : les caisses de retraite sont-elles aujourd’hui mieux équipées pour traverser la prochaine tempête?

Un récent sondage américain autorise un certain optimisme. Une majorité écrasante d’investisseurs institutionnels se sentent mieux préparés, dont le tiers beaucoup mieux, qu’en 2008, selon l’étude de Wilshire Consulting. Par ailleurs, seulement 5 % ne sont pas très confiants de pouvoir tirer leur épingle du jeu dans des marchés financiers agités.

Au Québec, le secteur des régimes PD a certes beaucoup évolué depuis la dernière grande crise. On pense, bien sûr, aux différents changements législatifs, notamment dans le secteur municipal, dont l’on ressent encore les remous. La provision de stabilisation dont se sont dotés les régimes devrait également représenter un outil important permettant de survivre à une situation économique difficile.

Au cours de la dernière décennie, une meilleure prise de conscience des différents risques s’est en quelque sorte imposée. En matière de placements, cela s’est traduit par une plus grande diversification des catégories d’actif, notamment une répartition accrue dans l’immobilier et les infrastructures, et une approche ciblant un meilleur appariement entre passif et actif.

Les promoteurs n’ont toutefois pas tourné le dos aux catégories plus traditionnelles. Certains en ont même fait leur cheval de bataille. C’est par exemple le cas du régime de retraite de la Société de transport de Montréal (STM). Dans le cadre d’une conférence le mois dernier, son chef des placements Gilles Horrobin a présenté son approche, qui consiste à miser sur des actifs qu’on pourrait qualifier de démodés.

Cela l’amène à regarder du côté des actions européennes, par exemple, qui seraient moins avancées dans le cycle que les américaines, ou encore du marché immobilier à Vancouver. Cette stratégie vise à distinguer les situations cycliques et séculaires afin de trouver des options de placement intéressantes.

Le modèle de la STM ne conviendra pas à toutes les caisses de retraite et il est clair que la démarche à adopter doit correspondre à la réalité du régime. Mais c’est un bel exemple de la possibilité d’aller chercher des rendements intéressants… lorsqu’on est ouvert à de nouvelles idées.

Rien n’est garanti. Mais c’est justement le désir de sortir des sentiers battus et d’adopter des tactiques innovatrices qui permettra aux régimes PD québécois de mieux affronter une prochaine crise. Et vous? Êtes-vous prêts?

Simeon ­Goldstein
Rédacteur en chef
simeon.goldstein@tc.tc


• Ce texte a été publié dans l’édition de juin 2019 du magazine d’Avantages.
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