Lisa Vautour
Luttait contre l’obésité depuis plusieurs années, ayant essayé d’innombrables approches pour perdre du poids. Il y a six ans, grâce au soutien de son employeur, elle a réussi à obtenir le traitement dont elle avait besoin pour surmonter ce qu’elle décrit sans équivoque comme une maladie chronique.
«
Le fait de ne pas avoir le stress supplémentaire de ne pas avoir de temps libre ou de ne pas bénéficier de la couverture pour les médicaments dont j’avais besoin m’a grandement facilité la réussite.
»
Parlez-nous de votre expérience avec l’obésité.
Vers la fin de mon adolescence, j’ai eu besoin de médicaments pour traiter une condition qui m’a fait commencer à prendre du poids. Lorsque je fus prête à fonder une famille, j’ai eu quelques grossesses qui se sont terminées en fausses couches. Enceinte, mon appétit augmentait, au point où je croyais devoir manger tout autour de moi. Après chaque fausse couche, j’étais déprimée et le poids s’accumulait. De 18 à 25 ans, je suis passée d’environ 120 livres à près de 170. Puis à 25 ans je suis tombée enceinte et j’ai réussi à mener la grossesse à terme. À la naissance de mon fils, je pesais 225 livres et je ne m’en suis jamais remise. Je suis même montée jusqu’à 250 livres.
Quels problèmes avez-vous dû affronter en raison de votre obésité?
Ma santé physique en a été affectée de diverses façons. Sur un de mes pieds, je pouvais à peine marcher; je boitais tout le temps, ce qui rendait toute activité difficile. Ma pression sanguine commençait à être élevée. Mon dos me faisait mal lorsque je m’asseyais, que je me levais ou que j’essayais de dormir. La douleur était insupportable. Cela affectait aussi ma santé mentale. J’étais déprimée. J’étais en colère. Je ressentais beaucoup de rancoeur. J’ai raté pas mal de choses. J’ai dû rester en retrait et regarder mon fils et mon mari faire des activités et saisir des occasions de profiter de la vie. À cause de mon poids j’étais physiquement incapable d’être aussi active que je l’aurais voulu.
Y a-t-il eu des effets sur votre performance au travail?
Absolument, parce que si on ne se sent pas bien, on ne performe pas bien. Si l’on travaille toute la journée dans la douleur, on ne peut pas se concentrer. De plus, on doit prendre plus de congés—pour la douleur au dos, aux jambes, la pression artérielle élevée, le diabète. Tout cela se traduit par des rendez-vous et des jours de maladie additionnels, et tout cela affecte la performance. J’ai pris des congés pour la fatigue et la dépression aussi. Maintenant que mon poids est sous contrôle, je rate rarement le travail.
Quelles démarches avez-vous faites pour lutter contre l’obésité?
Les pilules minceur, les régimes à la mode, j’ai tout essayé. Les médecins me conseillaient de manger moins et de bouger plus, mais cela n’aidait pas du tout. Puis, vers la fin de la trentaine, j’ai commencé à vraiment m’inquiéter de mon poids. Je vieillissais et je voulais être en santé et voir mon fils se marier et mes petits-enfants grandir. Mon fils approchait la fin de ses études et je ne voulais pas aller à sa remise des diplômes en pesant 250 livres; j’avais peur qu’il ait honte de moi. C’est à ce moment que j’ai discuté de la chirurgie bariatique avec mon médecin. Plus j’en apprenais à ce sujet—je faisais des recherches du matin au soir—plus j’étais convaincue que c’était la solution pour moi et que ça allait fonctionner. J’allais m’assurer que ça fonctionne.
Quel soutien avez-vous obtenu de votre employeur?
J’ai été très chanceuse au fil des années. J’ai eu d’excellents employeurs avec d’excellents avantages. Mon employeur à l’époque offrait le congé à court terme payé pendant que je me remettais de ma chirurgie, et quand j’ai atteint la limite, j’ai pu aller sur l’assurance-emploi. J’ai été abasourdie d’apprendre que certains médicaments dont j’avais besoin n’étaient pas couverts par la plupart des régimes d’avantages sociaux. Je n’en revenais pas. L’obésité est une maladie, un point c’est tout. Alors pourquoi cette maladie particulière serait-elle traitée différemment? Si quelqu’un a le diabète, allez-vous lui refuser l’insuline ou tout autre traitement pouvant l’aider à gérer cette maladie?
Comment avez-vous réagi au soutien de votre employeur?
Cela me donnait l’impression d’être validée, que le traitement était important et que c’était ce que je devais faire. De plus, le fait de ne pas avoir le stress supplémentaire de ne pas avoir de temps libre ou de ne pas bénéficier de la couverture pour les médicaments dont j’avais besoin m’a grandement facilité la réussite. Les employeurs doivent examiner la présence et la performance. Regardez les jours de congé. Regardez les maladies. Ceux qui n’aident pas les personnes obèses à se faire traiter limitent les performances de leurs employés. Si quelqu’un ne peut pas obtenir ce dont il a besoin pour être bien, comment pouvez-vous vous attendre à ce qu’il soit performant?
Comment la réduction de votre poids a-t-elle amélioré votre performance au travail?
Ils m’appellent le lapin Energizer au travail maintenant, et je n’avais jamais eu cette énergie auparavant. Je suis l’une des meilleures productrices de mon unité et j’organise toutes nos activités hors-travail—collectes de fonds, fêtes de Noël, journées de l’halloween, tout. Avant, je n’avais pas d’énergie, pas de motivation. Jamais dans un million d’années je n’aurais pu faire ce que je fais maintenant.
Comment restez-vous motivée pour maintenir votre poids?
Cela fait six ans depuis la chirurgie et cela n’a pas été facile. Tous les jours je dois garder cela en tête. J’ai dû changer toutes mes habitudes. Une des choses qui m’est vraiment restée à l’esprit de l’époque de mes recherches est que l’opération est un outil, pas un remède—et si vous n’utilisez pas cet outil correctement, il ne fonctionnera pas pour vous. Mais je veux être en bonne santé. Je veux vivre et vieillir. Et je veux pouvoir faire avec mes petits-enfants ce que je n’ai pas pu faire avec mon fils.
L’obésité est une maladie chronique progressive et récurrente qui touche une grande partie de la population mondiale1. Pour plus de renseignements sur des approches éprouvées en matière de prévention, de traitement et de politiques visant à améliorer la vie des Canadiens atteints d’obésité, veuillez visiter www.obesitycanada.ca/fr.
1 Ralston J, Brinsden, H., Buse, K., et al. Time for a new obesity narrative. The Lancet. 2018;392(10156):1384-1386.