GAREY J. AITKEN, CFA , MBA

Chef des placements, Gestion de placements Franklin Bissett

Garey J. Aitken

Gestion de placements Franklin Bissett

Gestionnaires actifs ayant un style distinct dans un créneau restreint - le marché canadien - , notre objectif reste le même : surclasser le marché dans son ensemble.

 

Quelle est votre philosophie de placement?

Nous privilégions la croissance à un prix raisonnable, une approche appliquée constamment depuis les débuts de Franklin Bissett, il y a 30 ans. Pour évaluer la croissance possible d’une société, nous misons sur sa capacité à maintenir un niveau élevé de rentabilité durable tout au long des cycles économiques, puis en examinons les perspectives d’évolution et de croissance. Ensuite, en ce qui concerne les cours, nous estimons les flux de trésorerie futurs lorsque nous établissons la valeur du titre. C’est cette interaction entre prix et valeur qui est si importante. Nous croyons fortement que le prix ne reflète pas toujours la valeur, et que c’est là où se trouvent les occasions.

En quoi cette philosophie vous aide-t-elle à vous adapter aux conditions du marché?

Les fluctuations inévitables du marché entraînent des inefficacités dont nous tâchons de profiter. Notre gestion ascendante peut ne pas convenir, mais nous ne changerons pas notre philosophie sur la base d’une réflexion à court terme, et nous ne rechercherons pas le rendement à tout prix. Depuis 30 ans, nos clients ont bénéficié de cette approche disciplinée et nous entendons maintenir le cap.

Quelles caractéristiques recherchezvous dans une société?

Nous recherchons des sociétés ayant un solide modèle et un avantage concurrentiel durable, qui leur permettra de générer une rentabilité attrayante à long terme. Voilà pourquoi nous mettons tant d’efforts dans notre approche ascendante pour trouver des sociétés qui, selon nous, afficheront une rentabilité solide et durable, et qui appartiennent à une industrie sousjacente qui résistera au passage du temps. De nombreux facteurs sont à prendre en compte, et certains sont subjectifs. Nous recherchons par exemple des équipes de gestion aguerries et ayant fait leurs preuves. Un bilan exemplaire et la façon dont le capital est utilisé sont des éléments essentiels. Le capital peut être réinvesti dans l’entreprise, ce qui nous réjouit si cela est fait de manière attrayante, ou remis aux actionnaires, au moyen de dividendes ou d’un programme de rachat d’actions. Ainsi, évaluer la répartition du capital par les équipes de gestion est une étape essentielle de notre analyse.

Quel événement dans le monde ou sur les marchés vous a appris le plus?

L’événement marquant de ma carrière aura été la crise de 2008, source de leçons à retenir, qui se fait d’ailleurs toujours sentir sur les marchés. Douloureuse, cette période nous a laissé peu de répit, mais notre stratégie à long terme et notre attention aux cours nous ont bien servis. L’économie mondiale et le secteur des placements ont grandement souffert, mais nous avons continué de considérer selon une perspective à long terme l’économie et les sociétés de grande qualité où nous investissons. Les ventes ont atteint des niveaux exceptionnels, créant ainsi des occasions uniques.

Quelles grandes tendances observezvous en ce moment?

Je pense que nous sommes encore à nous remettre de la crise, et même si les répercussions ont été immédiates, on ignore encore ce qu’il adviendra de la croissance économique mondiale. Les économies émergentes demeurent influentes, et les marchés développés (États-Unis, Europe, Japon) conservent leur importance, en raison de l’influence de leur croissance sur les marchés financiers. N’oublions pas par ailleurs les politiques monétaires mises en place pendant la crise. La banque centrale des ÉtatsUnis est à un tournant en ce qui concerne l’avenir de ses mesures quantitatives visant à stimuler la croissance économique. Mettre un terme à ces mesures ou en diminuer la portée aurait probablement des répercussions importantes sur les taux d’intérêt, la croissance économique et l’humeur des marchés boursiers et de titres à revenu fixe. Voilà une tendance macroéconomique qu’aucun investisseur en bourse ne peut ignorer.

Quelles perspectives vous emballent le plus?

Nous pensons que malgré les problèmes, les économies de marché libre continueront de croître comme elles l’ont toujours fait, ouvrant la porte aux bénéfices pour les sociétés et créant des occasions pour les investisseurs en bourse. Gestionnaires actifs ayant un style distinct dans un créneau restreint – le marché canadien–, notre objectif reste le même : surclasser le marché dans son ensemble. Porteuse d’occasions, cette approche présente parfois un défi. Je suis cependant convaincu que nous pourrons conserver notre style, continuer d’offrir des portefeuilles différents, et réaliser nos objectifs de rendement à long terme. C’est donc avec enthousiasme que j’envisage les 30 prochaines années.

Que lisez-vous?

Atlas Shrugged d’Ayn Rand et The Great Gatsby de F. Scott Fitzgerald, que j’avais déjà lus il y a longtemps.

Quelle qualité recherchez-vous chez un collègue?

La passion, pour le travail et pour l’industrie.

Quel est le meilleur conseil que vous ayez reçu?

« Pour finir premier, il faut déjà finir la course, » une phrase célèbre de Warren Buffet. C’est un bon conseil dans notre domaine, où notre rendement antérieur fait foi de tout.