Comment votre précédente expérience à la Qatar Foundation Endowment (Fondation de dotation du Qatar) vous a-t-elle préparé à occuper votre poste actuel de président de Gestion Placements Sun Life ?

J’ai collaboré au lancement et ensuite à l’expansion de l’un des plus gros fonds de dotation au monde. Cela m’a amené à concevoir et à bâtir un important programme de placements d’envergure internationale, qui s’appuyait en grande partie sur des actifs non traditionnels et notamment sur les marchés privés. Alors lorsque l’occasion s’est présentée de me joindre à un investisseur de renom au Canada, Gestion Placements Sun Life, qui appartient à la Financière Sun Life, laquelle gère 120 milliards d’actifs et existe depuis plus d’un siècle, sans parler de son impressionnant réseau professionnel, les arguments étaient particulièrement convaincants.

Quels sont vos projets pour le marché canadien ?

J’ai la conviction que le marché des placements institutionnels est en train de vivre des changements fondamentaux, avec l’entrée dans la composition d’un portefeuille de catégories d’actifs non traditionnels et particulièrement les marchés privés. Cette tendance s’amorce au Canada et voilà pourquoi j’estime que des catégories d’actifs tels que les revenus fi xes privés, les hypothèques commerciales et l’immobilier pourraient avoir leur place dans le portefeuille des investisseurs. Cela pourrait d’ailleurs aider certains régimes de retraite confrontés à des questions de solvabilité, ce qui est un sujet brûlant présentement au Canada. À ce titre, il faut souligner que les Québécois sont à l’avant-garde dans le domaine des placements sur les marchés privés.

Pourquoi ?

Les Québécois sont exposés à deux langues, le français et l’anglais, et sont aussi voisins des Américains. Bien qu’ils possèdent une culture distincte, ils sont aussi au fait de la complexité culturelle, et ce, dès le plus jeune âge. Ils sont donc très disposés à voir les choses de manière diff érente. Cela les a aidés à devenir de bons investisseurs et à adopter de nouvelles idées quand elles ont du sens. De plus en plus de Québécois sont ainsi ouverts aux nouvelles possibilités.

Quelle est la philosophie de placement de votre entreprise ?

Chez Gestion Placements Sun Life, nous voulons être partenaires de nos clients à long terme. Nous investissons du temps pour comprendre la complexité des éléments du passif d’un client, au même titre que la tolérance au risque de son conseil et les résultats escomptés. La gestion d’actifs, philosophiquement parlant, est au cœur des compétences de la Financière Sun Life, tout en représentant l’axe stratégique principal de l’entreprise, ce qui est précisément la raison qui nous a amenés à lancer notre propre société de gestion d’actifs.

Qu’est-ce que vos activités externes auprès de CIRANO ou de l’EDHEC vous ont apporté dans la pratique de votre métier ?

CIRANO, le Centre interuniversitaire de recherche en analyse des organisations, est un groupe de réfl exion en matière de politiques qui étudie en profondeur diverses questions, dont le risque, en le décortiquant sous forme de risque commercial, de risque opérationnel. Il y a aussi une optique internationale.

Je crois fermement à l’importance de la formation continue. Je siège donc au comité consultatif mondial de l’EDHEC, l’École des hautes études commerciales à Nice. L’un de leurs nombreux projets de recherche porte sur l’appariement des actifs et des passifs dans les régimes de retraite, l’un de nos secteurs privilégiés à Gestion Placements Sun Life.

Quels enseignements avez-vous tirés de vos postes à l’étranger, en France, en Norvège ou en Orient, qui auraient influencé votre manière de diriger ?

Tous ces endroits sont très diff érents. Dans mes diverses responsabilités professionnelles à l’étranger, j’étais très attentif et à l’écoute. Il n’y a rien de tel que d’être amené à sortir de sa zone de confort pour apprendre, s’épanouir et enrichir son point de vue.